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© AFP/Emmanuel Dunand
Des manifestants dénoncent la loi contre la "propagande pour l'homosexualité" du gouvernement Poutine, le 31 juillet 2013 devant le consulat russe à New York
La Russie est sous le feu des critiques d'ONG et de militants de la cause homosexuelle qui ont appelé mercredi à priver ce pays des jeux Olympiques de Sotchi en 2014 pour protester contre une loi "antigay", à six mois de la cérémonie d'ouverture.
L'acteur britannique ouvertement homosexuel Stephen Fry a écrit au Comité international olympique (CIO) pour lui demander de retirer à la Russie l'organisation des JO, accusant le président Vladimir Poutine d'avoir fait "des homosexuels des boucs émissaires comme Hitler l'avait fait avec les juifs".
M. Poutine a promulgué en juin une loi controversée punissant tout acte de "propagande" homosexuelle devant les mineurs, un texte jugé discriminatoire par les défenseurs des droits de l'homme.
En conséquence, "le CIO doit absolument adopter une position ferme de la part de l'humanité qu'il est censé représenter contre la loi barbare, fasciste, que Poutine a fait passer à travers la Douma" (chambre basse du Parlement russe), a écrit Stephen Fry dans ce texte publié mercredi sur son site internet, adressé au président du CIO Jacques Rogge et à tous les membres du comité olympique ainsi qu'au Premier ministre britannique David Cameron.
© AFP/Andrew Cowie
L'acteur britannique Stephen Fry sur le tapis rouge de la première de "L'Odyssée de Pi", le 3 décembre 2012 à Londres.
"Une interdiction totale des jeux Olympiques d'hiver de 2014 est tout simplement nécessaire. Organisez-les ailleurs, dans l'Utah, à Lillehammer, où vous voulez. Il faut à tout prix que Poutine ne puisse pas avoir l'approbation du monde civilisé", insiste M. Fry, suivi par plus de six millions de personnes sur Twitter.
La nouvelle loi russe, qui prévoit pour les étrangers une amende de 100.000 roubles (2.300 euros) maximum, jusqu'à 15 jours de détention et l'expulsion de Russie, fait l'objet de vives critiques de la communauté homosexuelle dans le monde.
La fronde s'est accentuée après l'interpellation fin juillet près de Mourmansk, dans le nord-ouest de la Russie, de quatre ressortissants des Pays-Bas, parmi lesquels le chef d'une ONG LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels) néerlandaise.
Accusés de propagande homosexuelle devant mineurs, ils ont passé plusieurs heures dans un poste de police et se sont vu interdire l'accès au territoire russe pendant trois ans.
Mercredi, le mouvement international luttant contre l'homophobie All Out a annoncé avoir déposé au CIO une pétition comprenant plus de 320.000 signatures pour dénoncer la loi russe et appeler à protéger les homosexuels contre toute discrimination.
"Le CIO souligne clairement que le sport est un droit de l'homme et doit être accessible à tous, libre de toute discrimination, et ceci s'applique aux spectateurs, officiels, médias et bien sûr aux athlètes. Nous nous opposerons dans les termes les plus forts à toute action qui remettrait en cause ces principes", a quant à elle souligné la responsable des relations médias du Comité, Mme Sandrine Tonge, interrogée par l'AFP.
Elle a noté qu'il fallait encore savoir comment cette loi serait appliquée, en particulier pour les Jeux de Sotchi et a indiqué que le CIO avait "reçu des assurances au plus haut niveau du gouvernement de Russie que la législation n'affectera pas ceux qui assisteront et participeront aux Jeux".
Un site "Boycott Sochi 2014" créé sur Facebook par la communauté homosexuelle a déjà recueilli des milliers de signatures, et des défenseurs de la cause gay ont appelé à boycotter la vodka russe.
Le vice-Premier ministre russe chargé des JO, Dmitri Kozak, a assuré mercredi qu'il n'y aurait "aucune discrimination à l'égard de l'orientation sexuelle des personnes pendant les JO, ni avant ni après".
Pourtant, début août, le ministre russe des Sports Vitali Moutko avait de son côté déclaré que les sportifs homosexuels devraient "respecter" la loi russe interdisant "la propagande de l'homosexualité" pendant les JO.
Le responsable chargé des droits de l'homme au ministère russe des Affaires étrangères, Konstantin Dolgov, a pour sa part appelé à éviter toute "politisation" des JO.
"Il est de notoriété publique que toute tentative de politisation des jeux Olympiques ne correspond pas à l'âme de cet événement mais s'avère contre-productive", a déclaré M. Dolgov à l'agence de presse Interfax qui l'interrogeait sur les appels au boycottage des Jeux.
Human Rights Watch (HRW) a par ailleurs accusé les autorités russes d'avoir "harcelé nombre de défenseurs des droits de l'homme et de journalistes" qui ont dénoncé des violations de droits au cours des préparatifs des JO de Sotchi, région entre les bords de la mer Noire et les montagnes du Caucase. Cela concerne le traitement des travailleurs immigrés, "l'impact de la construction d'infrastructures olympiques sur l'environnement et de la santé des habitants", et "les injustes compensations" versées aux personnes contraintes de quitter leur domicile, a précisé l'ONG de défense des droits de l'homme dans un communiqué publié mercredi, à six mois jour pour jour de la cérémonie d'ouverture des JO, qui auront lieu du 7 au 23 février 2014.