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L'aventurier berrichon Rémi Camus a remporté mardi, dans l'estuaire du Mékong en mer de Chine, l'improbable défi qu'il s'était assigné en octobre: descendre à la nage, depuis les contreforts de l'Himalaya, les 4400 km du grand fleuve asiatique.
Par cette épopée sans précédent à travers six pays (Chine, Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge et Vietnam), équipé d'un hydrospeed (planche en mousse) avec caissons étanches, combinaison néoprène, casque et palmes et un barda réduit au strict minimum, Rémi entendait militer à sa manière pour "l'accès à l'eau potable des populations déshéritées dans ces régions".
"L'ampleur des pollutions de toutes sortes que j'ai traversées depuis cinq mois (NDLR: il est resté bloqué un mois au Laos en raison de tracasseries administratives et policières) est sans commune mesure avec ce à quoi je m'attendais", a-t-il déclaré mercredi à l'AFP, depuis Ho Chi Minh ville.
"Le Mékong est le grand déversoir de toutes les ordures d'ordre industriel ou domestique de toutes les agglomérations, petites et grandes, qui bordent ses rives. Par endroit, ce beau fleuve n'est plus qu'un vaste égout et la situation empire à l'approche de l'estuaire, au Cambodge et au Vietnam", s'est-il désolé.
- Exploit sportif -
Reste qu'en dehors de ces considérations écologiques, le jeune aventurier originaire du Subdray, un village d'un millier d'âmes au coeur du Cher, a accompli dans la plus grande discrétion médiatique, en solitaire et sans assistance, un véritable exploit sportif, nageant de jour ou de nuit dans ces contrées sauvages et tropicales, trouvant le gîte et le couvert spartiate chez l'habitant.
Il s'est affronté au grand fleuve dans tous ses états, depuis les rapides en Chine où il a battu des records de vitesse accroché à sa planche, jusqu'aux longues distances d'eau quasiment stagnante, sans le moindre courant pour le pousser et l'obligeant à des efforts physiques extrêmes pour avancer.
Joint par l'AFP il y a trois semaines à Pnom Penh, il racontait que son pied droit avait triplé de volume et qu'il souffrait d'affections dermatologiques contractées dans la pollution du fleuve. Mais il voulait en finir, ne pas caler à 300 km de la délivrance.
"Les derniers kilomètres au Vietnam, à l'approche de l'estuaire et des marées de la mer de Chine, ont été terribles, dit-il. Impossible d'avancer avec la marée montante dont les effets se répandent dans le delta. J'ai dû aligner mes heures de nage sur celles des mouvements de la mer, de jour comme de nuit".
Rémi Camus, est enfin sorti du Mékong mardi, crotté comme un égoutier.
Sa première préoccupation avant de rentrer en France la semaine prochaine, était d'aller passer une batterie d'examens médicaux à Ho Chi Minh Ville pour s'assurer de n'avoir pas contracté dans ce long fleuve pas tranquille et fort peu hygiénique, on ne sait quelle affection sournoise et tropicale.