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© AFP/Jack Guez
L'ancienne athlète Esther Roth-Shachamanov se remémore l'attentat terroriste contre la délégation israélienne aux JO Munich, le 4 septembre 2012 à Ramat-Asharon
Lorsqu'elle a entendu de grands coups dans la porte de sa chambre du village olympique de Munich, le 5 septembre 1972 au petit matin, la sprinteuse israélienne Esther Roth-Shachamorov, à moitié endormie, a paniqué, persuadée qu'elle était en retard pour sa course.
"Il était six heures du matin, j'ai cru que j'avais raté la demi-finale du 100 mètres haies (prévue le lendemain)", se souvient-elle.
Esther Roth-Shachamorov ne savait pas encore que deux athlètes israéliens avaient été tués par un commando palestinien et que neuf autres --y compris son entraîneur Amitzur Shapira-- avaient été pris en otage.
Elle a ouvert la porte, surprise de voir une accompagnatrice de la délégation israélienne et sa voisine de chambre, une compatriote nageuse.
"Elles avaient frappé à ma porte pour me prévenir que des terroristes s'étaient infiltrés dans le bâtiment des hommes", raconte-t-elle à l'AFP.
"Sur le moment je n'ai pas réussi à comprendre ce qu'elles voulaient dire par +terroristes+. Pour moi, nous étions aux jeux Olympiques!".
Le 5 septembre 1972, des militants de "Septembre noir" --organisation nommée d'après la répression sanglante des fedayines palestiniens en Jordanie en septembre 1970-- s'infiltrent dans le bâtiment occupé par la délégation masculine israélienne à Munich.
C'est l'époque où l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a recours à des actions spectaculaires (attentats, détournements d'avions) pour imposer la cause palestinienne sur la scène internationale.
Le commando tue un athlète et un entraîneur et prend en otage neuf autres sportifs contre lesquels ils demandent la libération de 232 Palestiniens.
Epuisant et terrifiant
Esther Roth-Shachamorov, alors âgée de 20 ans, était le dernier espoir d'Israël pour une médaille alors que les JO touchaient à leur fin.
© AFP/Jack Guez
L'Israélienne Esther Roth-Shachamorov pose devant une photo d'elle sur 100 m haies aux JO de Munich le 4 septembre 2012 à Ramat Asharon
Elle avait manqué d'un fil la qualification pour la finale du 100 mètres et plaçait tous ses espoirs dans l'épreuve des haies.
"J'étais au top. Aucun Israélien n'était parvenu à aller très loin et tout d'un coup j'étais en train de créer la surprise. J'étais comme un cheval fou", explique cette sexagénaire, professeur d'éducation physique à Ramat HaSharon (nord de Tel-Aviv).
"Tout le monde était excité par les Jeux. Les réunions du gouvernement étaient interrompues pour que les ministres puissent suivre les compétitions".
Après la prise d'otages, Esther et les autres membres de la délégation israélienne sont regroupés dans un bâtiment où, sous la protection de la police allemande, ils suivent les événements dramatiques à la télévision.
"Nous avons vu les Allemands mener les négociations avec les terroristes qui menaçaient de tuer un athlète toutes les deux heures et de lancer son corps depuis le balcon de leur immeuble si les prisonniers palestiniens n'étaient pas libérés. C'était épuisant et terrifiant", témoigne-t-elle.
La prise d'otages se poursuit sur l'aéroport d'une base militaire allemande où le commando a obtenu d'être transféré par hélicoptère avec ses otages. Les Palestiniens veulent décoller pour Le Caire pour continuer les négociations.
C'est à ce moment précis que le médecin de la délégation israélienne confirme à Esther que le 100 mètres haies est maintenu le lendemain.
"J'étais complètement déchirée. Un entraîneur est tout pour un athlète", dit-elle à propos de son coach, otage, qui l'entraînait depuis six ans. "Comment vais-je être capable de courir?".
Le docteur lui promet de lui donner des médicaments pour dormir. "Je représentais l'idéal israélien du refus de céder au terrorisme", souligne-t-elle. Esther a avalé les comprimés.
Le lendemain, elle apprend que les neuf otages ont été tués dans une opération de sauvetage ratée des forces de sécurité allemandes et que la délégation israélienne quitte les JO.
Un policier ouest-allemand et cinq des huit preneurs d'otages ont également péri dans l'intervention.
"Au lieu de courir, nous nous sommes regroupés dans le stade pour une cérémonie funéraires et nous nous sommes tenus là, en pleurant".