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L'Américaine Christella Garcia après sa victoire dans le combat pour la médaille de bronze des Jeux paralympiques de Rio, le 11 septembre 2016
Se battre contre un ennemi invisible peut faire penser à un cauchemar. Mais pour l'Américaine Christella Garcia, médaille de bronze de judo aux Jeux paralympiques à Rio de Janeiro, c'est une expérience "merveilleuse".
"La discipline prend tout son sens", déclare-t-elle à l'AFP samedi après sa victoire pour le bronze face à la Brésilienne Deanne Almeida dans la catégorie des moins de 70 kg.
Christella Garcia, non-voyante de naissance, sent que sur les tatamis, où il faut s'attraper, s'éviter, se déséquilibrer, son handicap n'importe pas.
"Quand tu attrapes ton adversaire, tu sens son corps et la façon dont il bouge pour se défendre", explique-t-elle. "C'est à celui qui en voudra le plus".
Aux Jeux paralympiques, le judo est réservé aux non-voyants et aux malvoyants. Et pour cela, il faut quelques ajustements par rapport à la façon dont le pratiquent les valides.
Sans le savoir, les participants peuvent sortir de la limite des tatamis et l'arbitre doit alors les guider pour qu'ils retrouvent le bon chemin.
Et à la différence des combats chez les valides, où le temps défile sur une horloge, c'est une sonnerie qui retentit très fort quand il ne reste plus qu'une minute de combat.
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La Chinoise Yamping Yuan (g) contre l'Ouzbèke Kayinjon Alimova, le 10 septembre 2016 à Rio
Les judokas, l'un en kimono blanc, l'autre en kimono bleu, luttent de façon si habile et féroce qu'ils semblent ne pas avoir perdu la vue. Le spectateur peut très facilement oublier leur handicap... Jusqu'au moment où l'arbitre guide gentiment de sa main le lutteur en ramenant sa ceinture noire vers le tatami.
- Intuition -
Un autre judoka vainqueur d'une médaille de bronze, l'Américain Dartanyon Crockett, a commencé a pratiquer ce sport après le lycée.
Apprendre un sport dans lequel on doit être lancé dans les airs ou maintenu au sol par son adversaire n'a pas été simple pour le jeune homme, non-voyant de naissance. "Pratiquer le judo pour les déficients visuels c'est se mettre soi-même dans une situation de peur, inconfortable", relate le judoka de 25 ans. "Il s'agit de sortir de sa zone de confort".
Son entraîneur, Eddie Liddie, maintient que l'enseignement du judo paralympique est également difficile car c'est une discipline technique, avec de nombreuses prises très subtilement différentes les unes des autres.
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L'Américaine Christella Garcia (g) après sa victoire contre la Brésilienne Deanne Silva De Almeida (d), le 10 septembre 2016 à Rio
"Je suis tellement habitué à montrer les mouvements pour les expliquer" aux judokas valides, dit-il. "Là où je dois réussir, c'est faire en sorte qu'ils mettent leur corps dans certaines positions et qu'ils apprennent à les répéter", poursuit-il.
Mais une fois ce long apprentissage terminé, le judo peut s'avérer plus naturel pour les déficients visuels.
La principale différence lors des combats entre athlètes paralympiques et combats entre valides réside dans le fait que les mal ou non-voyants attrapent leur adversaire tout le long, au lieu de se séparer et de recommencer à s'attraper.
Cela signifie que deux athlètes non-voyants se retiennent mutuellement et pour le Vénézuélien Naomi Soazo, vainqueur d'une médaille d'or aux Jeux de Pékin en 2008 et d'une médaille de bronze à Rio, cette connexion est le point de départ.
"Quand vous attrapez votre adversaire, vous pouvez sentir ses mouvements. Ensuite, votre intuition se développe au point de deviner où il va se déplacer", explique-t-il.
Cela développe la confiance en soi, bien au-delà des tatamis et du monde du judo, selon lui.
Pour Christella Garcia, la pratique du judo de haut niveau ne lui a pas permis de gagner que des médailles, elle a également gagné un combat contre elle-même. "Maintenant, je ne considère plus le fait d'être non-voyante comme un inconvénient. C'est juste l'une de mes caractéristiques: je suis une fille, j'ai les cheveux bruns, j'adore les cupcakes, et je suis non-voyante".
Championne olympique en 1996 (3eme en 1988 tant que sport de démonstration et en 2000) et championne du monde en 1993 et 1995 (3eme en 1997) des moyennes. Copyright Sportquick/Promedi ... |