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© AFP/FRANCK FIFE
La biathlète française Marie Dorin Habert lors du relais mixte aux Mondiaux, le 9 février 2017 à Hochfilzen
Des Mondiaux en famille, à l'écart des Bleus, mais déjà une médaille: obligée de concilier son rôle de maman et ses objectifs sportifs, la chef de file de l'équipe de France féminine de biathlon Marie Dorin Habert a réussi un premier pari avec la 2e place du relais mixte jeudi.
La scène a de quoi surprendre, surtout à la veille du démarrage d'une grande compétition mais elle dit tout du contexte particulier dans lequel évolue la Lyonnaise de 30 ans durant le grand rendez-vous organisé à Hochfilzen. A moins de 24 heures de son entrée en piste dans le relais mixte, Dorin faisait ainsi tranquillement ses courses mercredi au supermarché, comme si de rien n'était.
Il faut dire que la Française n'a pas eu trop le choix et doit jongler dans la station du Tyrol autrichien avec des impératifs pas toujours compatibles. En 2016 à Oslo, elle avait pu vivre au sein de la délégation tricolore, accompagnée de son mari et de sa petite fille, née fin 2014.
Ce qui ne lui avait pas trop mal réussi puisqu'elle avait raflé 6 médailles en autant de courses, dont trois en or. Mais cette année, l'encadrement a édicté des règles strictes en bannissant les familles de l'hôtel des Bleus, obligeant Dorin à s'adapter et à loger "dans un petit appartement à cinq minutes à pied" de la résidence de l'équipe.
- 'Un compromis à trouver' -
"Je respecte le choix de l'équipe, c'est sans doute important d'avoir un cocon français et que ça ne devienne pas n'importe quoi, a-t-elle expliqué mardi à deux jours de l'ouverture des Mondiaux. Mais moi, ça me dessert, il faut que je m'organise autrement. Ce ne sera pas comme l'an passé où j'étais dans un cocon avec ma famille dans l'hôtel. Mais je respecte la décision et je la comprends. Je suis consciente qu'on ne peut pas faire de cas particuliers."
"C'est un compromis à trouver tout le temps, a-t-elle ajouté. Je leur impose la présence de ma fille, mon mari. Si tout le monde faisait comme moi, ça pourrait mal se passer et ça deviendrait très vite ingérable. Mais tout le monde n'est pas maman. J'ai l'impression que c'est bien toléré. Je fais en sorte que ça gêne le moins possible."
Pour pouvoir gérer au mieux sa double casquette de mère et d'athlète de haut niveau, Marie Dorin peut compter sur le soutien de sa famille qui l'accompagnera durant les Mondiaux.
- Stress -
"On va pouvoir leur laisser la petite la journée pour les courses, les entraînements et la préparation, a-t-elle précisé. Les repas, je les prendrai avec eux sinon je ne vois pas l'intérêt de les faire venir si je ne les vois pas au moment des repas. Parce que la vie d'un sportif de haut niveau est d'un pathétique incroyable, on se couche à 10 heures, on se lève à 8 heures et on fait la sieste. J'espère que ce sera assez fluide, et que je ne me sentirai pas trop seule en dehors du groupe parce que c'est aussi une aventure humaine."
D'autant que la Française peut difficilement dissimuler le stress qui l'accompagne habituellement avant un grand événement.
"Je fais toujours face aux mêmes questions, aux mêmes problèmes, a-t-elle indiqué. Ça ne me libère pas du tout d'avoir gagné deux années de suite. Au contraire, j'ai peur de décevoir tout le monde si je ne fais pas la même chose. Je suis un peu stressée et tendue. J'ai des sensations lourdes."
"Marie manque cruellement de confiance, c'est dommage, confirme Julien Robert , l'entraîneur de l'équipe de France dames. C'est son tempérament. C'est aussi le doute qui l'a fait serrer les boulons, c'est peut-être un mal pour un bien." La preuve avec le relais mixte jeudi.