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© AFP/MIGUEL MEDINA
La Suissesse Petra Klinger monte vers son titre de champione du monde aux Mondiaux d'escalade de Paris, le 18 septembre 2016
Du "Manifeste des 19" signé en 1985 par des stars de la grimpe opposées à toute codification au label olympique obtenu en 2016, l'escalade a connu une ascension fulgurante, comme le raconte l'un des pionniers de la discipline verticale, Jacky Godoffe.
A presque 60 ans, Jacky Godoffe a conservé intact son enthousiasme. Dans les années 80, il parcourait le monde avec une bande de brillants personnages en grimpant sur des falaises. Aujourd'hui, il trace les voies en salle pour les meilleurs du monde et pose un regard fier et amusé sur ce qu'est devenue en 30 ans l'escalade, qui deviendra discipline olympique à Tokyo en 2020.
"Dans les années 80, l'escalade, c'était une liberté absolument totale d'aller où on voulait, comme on voulait, explorer ce qu'on voulait. Ca a répondu à un espèce de besoin de faire autre chose", raconte à l'AFP Jacky Godoffe.
"Bébé, on a envie de grimper partout et on nous l'interdit. Donc quelque part, grimper permettait une ouverture absolument totale sur le monde sans avoir à demander d'autorisation à quiconque".
Musicien et ancien gymnaste, il a côtoyé avec cette pratique des "gens très hauts en couleurs".
"C'était des intellectuels, des réfractaires au système, qui se retrouvait là parce que ça ne ressemblait à rien de ce qui se passait ailleurs. Un peu comme des musiciens qui se retrouvent pour faire un b?uf".
- Le Manifeste des 19 -
"Il y avait une sorte d'impertinence, de liberté, hors des codes. Patrick Edlinger a été l'un des personnages les plus connus, c'était un nid à personnalités", se souvient-il.
En 1985, les toutes premières compétitions sont apparues. Et leur monde a commencé à changer. Quelques-uns ont voulu résister.
"Certains ont dit: si on commence à aller là-dedans, un jour on parlera d'olympisme et ça, on n'en veut pas".
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La Japonaise Mihi Nonaka aux Mondiaux d'escalade à Paris, le 18 septembre 2016
"Il y a eu un célèbre +Manifeste des 19+, les plus en vue à cette époque-là. Moi je n'en faisais pas partie. Ca ne me choquait pas, j'avais été sportif dans la gym. Ca me faisait plutôt rire de voir jusqu'où ça pouvait aller et ce que ça pouvait faire. D'autres non", se rappelle-t-il.
Mais l'histoire était lancée, et ces réfractaires, dont la célèbre star de la montagne, Catherine Destivelle , ont pris part aux compétitions. "On avait tous besoin de reconnaissance".
D'abord en extérieur, les compétitions se sont vite importées en salle avec des murs par souci écologique.
Mais la partie n'a pas été gagnée d'entrée de jeu. En 1985, a eu lieu la première compétition en salle. C'était déjà à Paris-Bercy, qui avait suscité beaucoup de curiosité de la part du public et des médias.
- 'Peinture qui sèche' -
"L'escalade était très lente et très ennuyeuse à ce moment-là et je me souviens d'une image très révélatrice faite par un journaliste: +c'était aussi intéressant à regarder que de la peinture qui sèche+", souligne Jacky Godoffe.
Trente et un an plus tard, Bercy a ravi les quelque 20.000 personnes venues pour les Mondiaux-2016 d'une discipline spectaculaire devenue très dynamique et qui a séduit le Comité olympique international.
Avec le même état d'esprit que celui qui animait les grimpeurs des falaises des années 80.
"Aujourd'hui, le grimpeur en compétition est séduit par le mouvement comme le grimpeur qui va sur une falaise et qui essaie une voie qu'il n'a jamais tentée. C'est la même essence", insiste Jacky Godoffe.
Certes, il y a moins de personnalités hautes en couleurs. "Maintenant les gens sont des sportifs", relève le pionnier de l'escalade qui n'aspire qu'à une chose avec l'entrée aux JO: que son sport continue de faire rêver.