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Les six membres du Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) lors de la première traversée de la Cordillère Darwin, au Chili, entre le 6 septembre et le 6 octobre 2011
Documentaire unique sur expédition unique: deux ans après, "Sur le fil de Darwin" retrace sur grand écran la première traversée de la Cordillère Darwin, au Chili, un exploit signé par le Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM).
En salles à partir du 30 octobre, ce témoignage exceptionnel résume en 90 minutes les 30 jours de lutte acharnée au coeur de la Terre de feu chilienne de six militaires français, six "as des cimes" du GMHM de Chamonix, du 6 septembre au 6 octobre 2011.
Dans des conditions climatiques dantesques, les six hommes ont réussi là où de nombreuses expéditions internationales avaient échoué: traverser de part en part la petite cordillère Darwin, queue australe de la cordillère des Andes entre le détroit de Magellan et le canal Beagle, 130 km de sommets et glaciers inviolés et mal cartographiés, battus par des vents et des précipitations d'une violence inégalée.
Ces six hommes, le capitaine Albrieux, 40 ans, son second, le lieutenant Didier Jourdain, 37 ans, l'adjudant-chef Sébastien Bohin, 38 ans, le sergent-chef François Savary, 38 ans, Dimitri Munoz (grimpeur civil du GMHM), 38 ans, et le caporal Sébastien Ratel, 25 ans, ont posé le pied là où aucun homme ne l'avait fait avant eux.
Le Cap Horn de l'alpinisme
Cette cordillère qui porte son nom avait été découverte par l'auteur de la "Théorie de l'évolution des espèces" en 1832, lors de son tour du monde à bord du Beagle. Elle est à l'alpinisme ce que le franchissement du Cap Horn à la voile, contre le vent et un jour de tempête, est à la navigation... En pire.
Jusqu'à l'arrivée du GMHM, elle était restée une des rares "terra incognita" ou rectangle blanc sur le planisphère.
Réalisé par Jeanne Delasnerie et Jean-François Didelot à partir des images tournées par les alpinistes-explorateurs lors de leur progression, le film offre des plans stupéfiants: les six hommes constamment encordés, gros sacs sur le dos et tractant des pulkas (traîneaux) bourrées chacune de 75 kg de matériel, progressent dans l'inconnu, au milieu du chaos des champs de glace et de neige, grimpant et descendant dans le brouillard parmi de profondes crevasses, en butte aux chutes mortelles de séracs et aux avalanches.
Là, au coeur des 50e hurlants, ils sont coincés dans une abominable tempête de neige avec des vents de plus 100 km/h. Ils ne se voient plus, ne s'entendent plus et sauvent leur vie en creusant une caverne dans la neige pour s'y terrer.
"Six hommes avec un seul cerveau"
Ici, tels des funambules fantomatiques, ils progressent sur une crête étroite qui surplombe de vertigineux précipices glacés de 2.000 mètres où au moindre faux pas, la mort est certaine.
Ainsi qu'aux siècles des découvertes, à l'époque des premiers grands explorateurs de la planète, ils sont en totale autonomie, sans aucune assistance et ne peuvent espérer aucun secours en cas d'accident. Ils ne doivent compter que sur eux mêmes.
Mais l'équipe est soudée comme un seul homme. C'est, disent-ils, la clef de leur réussite. "Nous avons toujours douté mais chaque décision importante a toujours été prise en commun et à l'unanimité. Nous étions six hommes avec un seul cerveau, c'est ce qui nous a sauvés", disent-ils à l'écran.
Lorsque enfin, du haut de la dernière crête, ils peuvent apercevoir en contre-bas le canal de Beagle que borde la forêt primaire de Patagonie, fin de leur calvaire, ils ne triomphent pas, restent humbles, se bornant à dire qu'ils sont "contents".
Mais assurent-ils tous, une telle épreuve exceptionnelle ne peut se répéter: "Nous ne reviendrons pas".