Happy Birthday : |
© AFP/JEFF PACHOUD
L'alpiniste français Christophe Dumarest le 28 mars 2017, près du Lac d'Annecy en France
Elle s'appelle le "Privilège du renard": c'est une voie inédite de 500 m tracée au milieu des fjords du Groenland. Elle est l'oeuvre d'un fana de haute montagne, Christophe Dumarest, qui a besoin de sa dose quotidienne de sensations fortes.
"L'alpinisme est un fantastique accélérateur de particules à émotions, c'est un condensé d'adrénaline, d'endorphine, de dopamine et de rapport aux risques qui fait que c'est quelque chose qu'on ressent profondément dans ses tripes", évoque avec passion à l'AFP, Christophe Dumarest.
Par deux belles et longues journées - au Groenland il fait jour durant 20 heures - Christophe Dumarest accompagné de son acolyte Antoine Rolle a tracé sa voie dans un projet monté par son partenaire Julbo et désormais relaté dans un film: passer là où encore jamais personne n'est allé.
Le Groenland, c'est un eldorado pour tout grimpeur, un île gigantesque de plus de 2 millions de km2, recouverte à 85% de glace. "C'est un super terrain de jeu avec des murs verticaux qui peuvent aller jusqu'à 1500 m de haut d'un seul jet, ça fait des faces qui font 4, 5 Tour Eiffel empilées les unes sur les autres", explique Dumarest, originaire d'Annecy, qui découvrait le Groenland.
C'est dans le massif peu fréquenté de Fox's Jaws ("la mâchoire du renard") qu'il a choisi de marquer son empreinte sur la pierre, avec la compagnie d'un couple de renards qui s'était invité à l'expédition.
- Allégorie -
Le tandem s'y est repris à deux fois mais l'aventure a été couronnée de succès et Christophe Dumarest est revenu marqué.
"Le Groenland, c'était une belle allégorie des transformations dans notre monde. Ca a été un beau message. Quand on voyage là-bas on est dans l'exotisme, dans de l'aventure et on rencontre des gens pour qui c'est leur quotidien", dit-il.
Christophe Dumarest est avant tout un amoureux de la haute montagne. Grimpeur, alpiniste, guide, conférencier et chroniqueur, il a été initié très tôt par ses parents, "dans le porte-bébés"!
Il est suivi par plusieurs partenaires qui lui permettent de vivre au quotidien sa passion et de réaliser ses projets.
"Cette pratique de la montagne est ma pharmacopée à moi. Et ca va plus loin, c'est un moyen d'exister, une construction de soi. Un moyen de se connecter, la spiritualité n'est pas l'apanage des religions", confie-t-il.
"Quand vous êtes en pleine mer, au milieu d'un désert ou au sommet d'une montagne, vous vous connectez, sans savoir forcément à quoi ni comment ça s'appelle. Et puis, vous vous rendez compte que si vous mettez le pied à droite, la vie s'arrête. Ce rapport-là à la mort est pour moi très sain. Ca permet une vision plus claire des choses. Et il y a un rapport à l'émerveillement aussi".
- Tout à perdre -
Le risque, le danger, cet homme de 37 ans vit constamment avec. Loin de le subir, il le recherche et le cultive et reconnaît aisément qu'il joue parfois avec le feu.
"C'est un degré d'intoxication, je suis assez lucide sur mon cas comme quelqu'un qui a besoin de sa cigarette avec le café, il sait que globalement ce n'est pas super et que accessoirement ça peut être dangereux. Pour la pratique de la montagne, c'est pareil, c'est une activité dans laquelle il peut y avoir tout à perdre", souligne-t-il.
Adepte du yoga et amateur de musiques, Christophe Dumarest a besoin de se sentir vivant en ressentant ces émotions fortes, qu'il ne trouve nulle part ailleurs que sur les arêtes d'une montagne, la chaleur de la glace ou la douceur de la pierre au bout de ses doigts.
"Il y a une sorte de magnétisme quand vous touchez le rocher qui est addictive. Quand vous commencez à vous élever sur plusieurs centaines de mètres, c'est encore différent parce qu'il y a un rapport au vide, il y a la contemplation".
Christophe Dumarest a d'autres projets en vue. Mais comme à son habitude, il attendra de les réaliser pour les partager.