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Le goût de l'or encore en bouche trois mois après leur triomphe en Ligue Mondiale, les volleyeurs français arrivent à l'Euro, vendredi en Italie, avec l'ambition inédite d'imposer leur loi à tous les cadors du continent.
Tout est là: le talent, l'envie, la confiance, le travail, la jeunesse et la présence d'un leader exceptionnel, Earvin Ngapeth , pour écrire une nouvelle page d'histoire dans une épreuve où la France est déjà montée six fois sur le podium, la dernière en 2009 (2e), mais jamais sur la première marche.
Tout est là, sauf la motivation d'un billet olympique. Dans le système alambiqué du volley, l'Euro est découplé des Jeux. Même avec la médaille autour du cou, les Français devront en passer par un tournoi de qualification (TQO), en janvier à Berlin, pour aller à Rio. Mais cette anomalie n'amoindrit pas leur appétit.
"Médiatiquement, on ne peut pas se permettre d'aller au Championnat d'Europe en se disant qu'on se prépare tranquillement pour le TQO. Il nous faut des médailles. Quoi qu'il arrive, maintenant on va aller partout pour gagner", annonce l'attaquant Ngapeth.
En juillet, l'équipe de Laurent Tillie a réussi un parcours phénoménal. Sortie de la deuxième division de la Ligue Mondiale, elle a tout renversé sur son passage au Final Six de Rio, battant le Brésil, N.1 mondial, la Pologne, championne du monde, puis en finale la Serbie, troisième du dernier Euro. Au bout du rêve, le premier sacre international du volley français et le début d'une histoire qui s'annonce belle.
Car avec leur hargne en défense, leur fougue au filet, mais aussi, et c'est nouveau, leurs tours au contre ( Kevin Le Roux et Nicolas Le Goff mesurent 2,09 m et 2,06 m) et leurs canonniers au service, les jeunes Français n'ont pas seulement gagné, ils ont pétillé de joie et de bonheur d'être ensemble. Le tout a désormais une appellation, "Team Yavbou", d'un mot d'argot grivois d'origine manouche, en version verlan.
- Premier choc contre l'Italie dimanche -
Certes, depuis cet été idéal, les Bleus ont eu du mal à rester sur cette vague d'euphorie. La préparation a été longue, les plages de repos courtes, et les Bleus ont parfois été rattrapés par la lassitude. Ils ont donc alterné le bon (victoire sur le Brésil) et le moins bon (défaites contre la Serbie et la Slovénie). Mais rien qui puisse alarmer ce groupe lucide.
"C'est un mal pour un bien. On se dit qu'on a gagné la Ligue Mondiale mais qu'on n'est rien. Si on ne joue pas à notre niveau, on peut perdre contre n'importe qui", estime le passeur, capitaine et cerveau de l'équipe, Benjamin Toniutti .
Les Français commenceront par une phase de groupe à Turin avant d'aller chercher, si tout va bien, une médaille en Bulgarie, à Sofia, théâtre des demi-finales et de la finale. Leurs deux premiers adversaires, la Croatie vendredi (18h00) et l'Estonie samedi (17h30) sont largement à leur portée. "Des équipes assez physiques qui peuvent mettre beaucoup de pression au bloc mais qu'on peut embêter avec notre technique et notre tactique", estime Toniutti.
Puis ce sera le premier tournant dimanche (18h00) contre l'Italie, soutenue par 8.000 supporteurs pleins d'espoir après la qualification des leurs pour les JO. A la Coupe du Monde, dénomination un peu pompeuse du premier TQO, la Nazionale vient en effet de décrocher la deuxième place et un ticket pour Rio. Peut-être un peu fatiguée, elle sera surtout libérée d'un grand poids. "C'est bien de les avoir dans notre poule, comme ça on ne les reverra plus jusqu'en finale!", dit Ngapeth, qui voit dans les Italiens les rivaux N.1 pour le titre, au-dessus même des Russes et des Polonais.
Une défaite contre le pays-hôte ne serait pas rédhibitoire, mais elle obligerait les Français à passer par un barrage, sorte de huitième de finale, et les enverrait probablement vers un quart plus dur, peut-être contre la Russie, tenante du titre.