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Du ticket pour Londres envolé à l'Euro gagné dimanche dans la même salle à Sofia, l'équipe de France de volley s'est transformée en trois ans en une machine à gagner, ce "Team Yavbou" dont tout le monde attend désormais qu'il s'ouvre la voie de Rio.
Des quatorze champions d'Europe, six faisaient déjà partie de l'équipe ce 9 juin 2012 lorsque la Bulgarie avait anéanti son rêve olympique (3-1), et quatre étaient dans le six majeur: Earvin Ngapeth , Benjamin Toniutti , Antonin Rouzier et Kevin Le Roux . Et pourtant, quel contraste avec celle qui a terrassé la Slovénie dimanche (3-0). Les têtes baissées se sont relevées et les visages gris d'il y a trois ans rayonnent de confiance et d'ambition. D'où le surnom que les joueurs se sont donné et qui signifie: "on avance et on écrase tout sur notre passage", sans autre connotation, explique Ngapeth.
"En 2012, on n'était pas prêt. On manquait de maturité. Et il n'y avait pas l'osmose qu'on a maintenant", se souvient le pointu Antonin Rouzier , tellement éc?uré à l'époque qu'il avait quitté la sélection pendant un an et envisagé de tout plaquer. "On avait besoin de quelque chose de nouveau".
Ce rebond, c'est un nouvel entraîneur, Laurent Tillie , ancien coéquipier en équipe de France de son prédécesseur Philippe Blain , qui a su le provoquer.
"Il a restauré des valeurs de combativité, d'agressivité, de détermination, de courage. Tout le groupe y a adhéré et est allé dans le même sens", souligne le libéro Jenia Grebennikov.
"Il a su faire en sorte que le groupe vive bien. Il nous a laissé fonctionner comme chez les jeunes", confirme Ngapeth.
Car cette équipe est une "bande de potes". Et il ne s'agit pas d'un cliché, assurent les joueurs unanimes, mais d'une réalité vécue depuis près de dix ans. Regroupés au centre de formation de Montpellier (CNVB), certains ont été champions d'Europe cadets (2007) puis juniors (2008) ensemble, comme Ngapeth, Toniutti, Le Roux et Kevin Tillie .
- Rendez-vous olympique en janvier -
"Jamais il n'y a eu de problème et ça se ressent sur le terrain. On a confiance les uns dans les autres. On sait que quand ça ne va pas, l'autre sera là", dit Ngapeth.
Des disputes, certes, se produisent, mais pas de scission qui pourrait miner le groupe. "S'il y a une embrouille, ça ne dure qu'une heure et ça se termine dans un sourire. Il n'y a pas de rivalité. Tout le monde a accepté sa place", dit Grebennikov.
Et lorsqu'ils se séparent pour retrouver leur club, les joueurs n'ont qu'une envie: revenir. "On s'envoie des messages, on est tout le temps en train de s'appeler. C'est exceptionnel d'avoir ça. En club, c'est plutôt chacun pour soi parce qu'il y a beaucoup d'argent en jeu", témoigne Rouzier, le plus ancien de l'équipe (29 ans), après le deuxième passeur Pierre Pujol (31).
Cette joie de jouer et de vivre ensemble ne fait pas à elle seule gagner les matches, encore faut-il avoir des arguments sportifs. "On a gardé nos principales qualités, la défense et la réception, mais on a pris de la dimension physiquement. On peut rivaliser avec les autres à ce niveau-là. Avant on n'avait pas des centraux physiques comme Kevin Le Roux et Nicolas Le Goff et notre pointu Antonin Rouzier était moins régulier qu'aujourd'hui", explique Ngapeth.
Les Bleus se sont aussi trouvé un leader sur le terrain et en dehors, qui n'est autre que Ngapeth, "un des meilleurs joueurs du monde", selon Rouzier. "Earvin fait des choses spectaculaires, avec le sourire. Il est toujours au taquet, on peut toujours compter sur lui dans les moments difficiles", dit Grebennikov.
Vainqueur de la Ligue Mondiale, champion d'Europe, le groupe est désormais tendu vers un objectif unique, aller à Rio, et y briller. Rendez-vous début janvier à Berlin pour la première étape, le Tournoi de qualification olympique européen (TQO), où il faudra finir sur le podium pour rester en vie, la première place envoyant directement au Brésil.