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Mettre des chiches pour faire des trous, réussir les quéquettes, les roulettes et les corses, éviter d'envoyer des pizzas, de prendre des boîtes et de balancer des fuses: telle est la recette du succès pour les volleyeurs français mercredi en quarts de finale de l'Euro.
Vous n'avez pas tout compris? Petit parcours d'initiation dans le jargon imagé de ce sport.
La "chiche", le "parpaing" ou encore le "pétron", seuls les plus anciens continuant à parler de "plomb", de "mine" ou de "bombe", c'est l'attaque puissante qui s'écrase au sol dans un grand bruit. Le "bûcheron", joueur craint pour sa puissance malgré un certain manque de finesse, en est le spécialiste.
On ne le confondra cependant pas avec le "bourrin" ou "mulet", qui tape tout droit en ne comptant que sur sa force. Celui-là n'a aucune chance de "faire un trou", c'est-à-dire de marquer le point sans que le défenseur touche le ballon. Il est au contraire la proie favorite des contreurs, tout heureux de lui renvoyer la balle dans les pieds. C'est alors la "boîte" ou la "chaussette".
Le volley français a toujours manqué de "bûcherons". Sa spécialité est plutôt la "quéquette", ou "bidouille", petit lob poussé avec les doigts juste derrière le contre. Une variante de cette action très agaçante pour l'adversaire est la "roulette", lorsque l'attaquant arrête son bras au dernier moment pour donner à la balle un léger effet vers l'avant qui lui fera juste franchir le mur. L'ancien capitaine Stéphane Antiga maîtrisait si bien ce geste qu'on l'appelle parfois l'"antiguette", mais Earvin Ngapeth se débrouille très bien aussi.
- Le "calzone" n'arrive pas sur un "plateau" -
Pour le défenseur, le dernier recours est alors la "corse", qui consiste à s'allonger et à poser la main sur le sol pour que le ballon rebondisse dessus. L'expression serait une allusion au goût supposé des insulaires pour la sieste.
Pour impressionner l'adversaire avant même le début du match, le "bûcheron", et a fortiori le "bourrin" ou la "mule", tentent souvent pendant l'échauffement de "faire un plaf", de taper aussi fort que possible pour que le ballon touche le plafond après le rebond. Pour y parvenir, il faut aussi frapper très verticalement pour que le rebond se produise le moins loin possible du filet; on dit alors "planter un clou". En match, dans les cas extrêmes, cela peut donner une "bougie", quand le ballon tombe sur la tête du contreur et monte à toute vitesse vers les lustres.
A l'attaque, il y a toujours une solution pour faire le point, même si on se retrouve face à des géants de 2,10 m formant le bloc, ce qui pourrait se produire si les Français croisent les Russes ou les Polonais dans leur quête de la médaille d'or. On peut tenter la "boîte aux lettres" en glissant le ballon entre les mains des contreurs et le filet, ou bien essayer d'"éclater les louches", de taper très fort horizontalement en espérant que la balle touchera les mains adverses avant de sortir. Mais il faut bien viser sinon le ballon part vers les tribunes et c'est la "fuse" ou l'"avion" qui fait un peu rougir.
Pour le passeur, la honte suprême est d'"envoyer une pizza", voire "un calzone", un ballon qui part tout droit à la manière d'un plat lancé sur un comptoir en zinc et dont l'attaquant ne pourra rien faire. Benjamin Toniutti ne risque pas d'en commettre si Jenia Grebennikov et Kevin Tillie lui adressent des "plateaux", des réceptions parfaites qui ne l'obligeront pas à courir. Dès lors, tout sera en place pour que le "pointu" Antonin Rouzier mette des "chiches" et envoie les bleus à Sofia.