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Si la France est championne d'Europe de volley, c'est parce qu'elle s'est trouvé un grand "pointu", ou plutôt parce qu' Antonin Rouzier , le MVP (meilleur joueur) de l'Euro, a enfin conquis sa place parmi les meilleurs du monde.
Rouzier n'est pas un nouveau venu. Il est même, à 29 ans, le plus ancien de l'équipe, arrivé en sélection en 2005, en même temps que le second passeur Pierre Pujol . Pendant longtemps, on n'a vu que par intermittence l'énorme potentiel de cet athlète de 2,01 m, comme à l'Euro-2009, lorsqu'il avait été le meilleur marqueur du tournoi avec la précédente génération, médaillée d'argent.
Sans grand attaquant de pointe, pas de titre possible. Or ce poste a longtemps été le talon d'Achille du volley français. Des attaquants pas assez grands, pas assez puissants, ne pouvaient rivaliser avec les meilleurs canonniers de la planète.
Le pointu doit être l'assurance tout risque au filet, celui qui fait avancer le score. Il est aussi le dernier recours. Quand la réception est mauvaise, c'est souvent lui qui hérite du ballon sur son aile droite. Évidemment, les contreurs sont prévenus.
A l'Euro, Rouzier a été phénoménal. En rodage au premier tour, il est monté en puissance pour sortir trois matchs d?anthologie en quarts contre la Serbie (20 points), en demie face à la Bulgarie (30 points) et en finale contre la Slovénie (21 points).
- Le rêve olympique -
Avec son équilibre en l'air, sa lucidité au moment de la frappe, sa puissance et ses angles, il a détruit les meilleurs contres et défenses d'Europe. Même complètement enfermé, il n'a pratiquement jamais été pris.
On l'a vu aussi dans un registre plus fin que la plupart des "pointus", n'hésitant pas à utiliser la feinte et la "roulette", petite balle à effet juste derrière le contre. Il a été bon en défense, qualité rarissime à son poste, et on a même admiré la propreté de sa manchette en finale sur deux passes très difficiles réussies depuis le fond du terrain. A Busto Arsizio puis à Sofia, le Grenoblois était sur un nuage.
"Je suis fier de moi", a dit le champion, dont l'épanouissement tardif ne doit rien à une quelconque transformation physique ou technique et tout à la confiance enfin trouvée au sein de ce "Team Yavbou" énergisant.
"Dans ce collectif, j'ai trouvé ma régularité. Avant, je pouvais passer à côté d'un match, je me cherchais, maintenant je ne lâche plus rien. Je pense positif tout le temps. J'arrive à être le joueur que je rêvais d'être. Je parviens à gérer mes échecs et je n'ai peur de personne", dit Rouzier, adopté comme un des leurs par les "petits jeunes de 24-25 ans", Earvin Ngapeth , Benjamin Toniutti et autres.
Le titre européen l'a empli de joie mais ne l'a pas rassasié. Son grand rêve, ce sont les jeux Olympiques. Ils ne quittent jamais son esprit.
"C'est la compétition clé dans une carrière de sportif. C'est un rêve de gamin. Ca fait deux fois que je les loupe et ça m'a fait mal", dit l'attaquant, qui avait failli abandonner l'équipe de France après l'échec de 2012.
"Le monde entier regarde les jeux Olympiques. On a envie d'y aller pour qu'enfin notre sport soit révélé aux Français", espère Rouzier, qui devra en passer par un tournoi de qualification en janvier à Berlin.