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Le central Kevin Le Roux , point culminant de l'équipe de France à 2,09 m, retrouve en sélection, pour le bien commun des Bleus qualifiés pour les demi-finales de l'Euro face à la Bulgarie, un poste qu'il a abandonné en club pour celui plus prestigieux de "pointu".
Le central, c'est un peu le parent pauvre du volley, celui qu'on met là pour sa taille, qui travaille dans l'ombre et laisse sa place au libéro à chaque passage à l'arrière car ses ailes de géant l'empêchent de réceptionner. Le plus frustrant, c'est la rareté des ballons d'attaque. "Il faut à peu près huit à dix sauts pour en avoir un", précise Le Roux.
Il est avant tout un leurre qui par ses appels attire le central adverse et permet aux ailiers d'attaquer face à un contreur isolé. "C'est un peu ingrat, mais c'est malgré tout un poste important, il faut rester sur le qui-vive. Un central n'a pas le droit de s'endormir!", dit le Breton de Saint-Malo, âgé de 26 ans.
Les passeurs aiment plus ou moins "passer par le centre". Celui des Bleus, Benjamin Toniutti , n'est pas un accro de la "courte" et de la "tendue". "Ce n'est pas un problème. En tant que central, on sait qu'on n'aura pas quinze ballons. Mais si je n'en touche pas un pendant tout un set je lui dis: +Benjamin, ne m'oublie pas!".
Pour le central, la vraie récompense, c'est le contre, la "chaussette" ou la "boîte" qu'on inflige à l'attaquant adverse. "C'est beaucoup plus dur de bloquer que d'attaquer. On fait très peu de blocs dans un match, donc quand on y arrive, c'est l'explosion de joie." La recette? "Il faut une bonne lecture du jeu, être bien dans le temps. Et il faut aussi que l'attaquant te tape dessus!", plaisante-t-il.
- La double vie de Kevin -
Central en bleu, attaquant de pointe en club, Kevin Le Roux est satisfait de cette double vie, qui lui demande environ deux semaines d'adaptation à chaque changement car le geste, la course d'élan et le déplacement au contre sont différents. "Du moment que je porte le maillot!", dit le joueur, qui vivra sa 136e sélection en demi-finale samedi à Sofia contre les Bulgares. "Et je pense que l'équipe est meilleure comme ça".
Il a tout de même beaucoup de reconnaissance pour l'entraîneur qui lui a permis de faire évoluer sa carrière. Et de gagner bien mieux sa vie. "Central, ce n'est pas le poste le mieux payé au volley-ball. En moyenne, le pointu gagne au moins deux à trois fois plus, voire quatre", explique le joueur, qui a signé pour le gros club turc d'Ankara après avoir passé l'hiver dernier en Corée du Sud.
Cet homme n'est autre que Laurent Tillie , le sélectionneur de l'équipe de France, du temps où il entraînait l'AS Cannes, il y a trois ans. Avec sa puissance de frappe à l'attaque, Le Roux, grand serveur également, était devenu un peu trop fort pour se contenter du poste de central, même si lui, modeste, refuse catégoriquement de présenter les choses de cette façon.
"C'est différent. En pointu, tu mets ton cerveau de côté et tu tapes! C'est toi qui dois faire la différence", explique-t-il. En tout cas, le coup de pouce de Tillie a "changé beaucoup de choses dans (sa) vie".
Tout naturellement, le poste de pointu en équipe de France pourrait lui échoir un jour, d'autant que le titulaire actuel, Antonin Rouzier , a quatre ans de plus que lui. Mais la question ne le préocuppe pas. "Antonin est très bien à la pointe. Il décidera du moment où il voudra arrêter et ensuite Laurent verra comment il remixera l'équipe", dit-il.