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Pieds nus sur le sable chaud de Copacabana, avec le pain de sucre en toile de fond: il flottera un doux parfum de vacances à Rio lors des épreuves olympiques de beach-volley.
Pourtant, au Brésil, le Vôlei de Praia, c´est du sérieux. Pas question d´utiliser l´appellation américaine. Créé aux Etats-Unis, ce sport a acquis ses lettres de noblesse sur les plages cariocas.
D´ailleurs, histoire de tuer le père pour le bon, les meilleurs volleyeurs de plage brésiliens ont écrasé leurs collègues américains lors d´un tournoi qui a attiré les foules le week-end dernier, dans les gradins installés devant le célèbre Copacabana Palace, sur les lieux du futur stade olympique.
Les deux pays trustent les deux tiers des 30 médailles distribuées en cinq éditions du tournoi de beach-volley olympique : onze pour le Brésil (2 d´or, 6 d´argent et trois de bronze) et neuf pour les Etats-Unis, mais beaucoup plus de titres (6 d´or, deux d´argent et une de bronze).
À tel point que le Comité Olympique Brésilien (COB) a placé ce sport parmi les disciplines "vitales" pour atteindre le grand objectif des JO : figurer dans le top 10 du tableau des médailles. À domicile, le pays organisateur a bien l´intention de faire le plein de breloques sur la plage.
- Epopée américaine -
Tout a commencé en 1996, à Atlanta, où le beach-volley a fait son entrée dans le programme olympique. Jackie Silva et Sandra Pires remportent la première médaille d´or féminine de l´histoire de pays.
"Quand j´ai décroché l´or avec Sandra, notre sport a littéralement explosé au Brésil. Moi, j´avais déjà participé aux JO de Los Angeles, en 1984, dans l´équipe nationale de volley en salle, et je n´aurais jamais imaginé que je repartirais pour un tour 12 ans plus tard, encore moins sur la plage", avoue Jackie.
Les succès olympiques ont fait pousser comme des champignons les "escolinhas" (petites écoles), qui proposent des cours de volley tous publics. Aujourd´hui, il y a des poteaux destinés à recevoir des filets de volley pratiquement tous les 50 mètres le long de la plage.
L´une des "escolinhas" les plus emblématiques de Rio a justement été créée en 1996, par sa majesté le Roi Pelé... mais pas celui du foot, celui de la plage. De son vrai nom Robenildo Quintino Alves, ce Pelé-là a commencé sa carrière dans le monde du volley comme ramasseur de balles.
Vendeur de boissons sur la plage d´Ipanema depuis l´âge de dix ans, il a décroché son diplôme d´éducation physique à la fac et, de fil en aiguille, a fini par fonder sa propre école de beach-volley.
"Le volley a pas mal évolué ces quinze dernières années et chaque médaille olympique contribue à notre reconnaissance", rappelle ce grand gaillard souriant de 48 ans. "Comme c´est un sport de plein air, les gens prennent du plaisir à jouer au bord de la mer. Le volley, c´est comme le foot, on peut y jouer à tout âge".
- Volley-thérapie -
Ce n´est pas Renato, jeune retraité de 63 ans, qui dira le contraire. "Ça fait un an que je joue et je sens la différence, ça m´aide à rester en bonne santé. C´est plus qu´un terrain de volley, c´est une salle de gym en plein air", se félicite cet habitant de Copacabana.
Le beach-volley recrute aussi ses adeptes chez des jeunes qui ont fait leurs classes en salle, comme Paula, 28 ans, licenciée au club de Flamengo dans son adolescence. "Je joue sur le sable, avec ce paysage magnifique, avec des gens super sympa et après, je vais faire trempette dans la mer. Une bonne noix de Coco pour me rafraîchir, et je suis prête pour aller bosser. J´appelle ça la qualité de vie !", s´enthousiasme la jeune femme.
La plage est un des seuls lieux de rencontres entre classes sociales, dans un pays miné par les inégalités. "Dans mon projet social, je recevais des gamins qui venaient aussi bien des quartiers chics que de la favela, souligne Jackie. Deux mondes se sont rencontrés. Les gamins qui venaient à la plage en voiture avec chauffeur ont commencé à jouer avec ceux qui prenaient le bus".