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© AFP/Fayez Nureldine
Le Français Jean-Philippe Gatien
lors d'une compétition à Athènes le 30 janvier 2004
Il y a 20 ans, à Göteborg (Suède), Jean-Philippe Gatien devenait le premier -et pour l'heure l'unique- champion du monde français de tennis de table, point d'orgue d'une décennie faste pour le ping tricolore.
Le 23 mai 1993, au bout de cinq sets acharnés, le dernier conclu 21-18, Gatien venait à bout de la résistance du Belge Jean-Michel Saive . A 24 ans, il régnait sur le monde.
"Ces moments restent gravés à vie et ont forgé beaucoup de choses pour moi", raconte-t-il aujourd'hui. "Parce que c'est un titre suprême, qui s'inscrit dans la durée, pour l'éternité, donc ce n'est pas rien."
Le 20 mai, dans le cadre des Mondiaux de Paris-Bercy, Gatien et Saive joueront pour le plaisir une réédition de leur finale.
"Ce titre a été extrêmement dur à obtenir", se remémore le Français. "La finale a été un combat très difficile, tendu. La balle de match a été une sacrée délivrance. C'est un soulagement incroyable et indescriptible de réaliser un objectif après lequel on court depuis pas mal de temps."
Un an plus tôt, Gatien, alors N.1 mondial, avait échoué en finale des JO de Barcelone face au Suédois Jan-Ove Waldner . Une expérience qui lui sera utile l'année suivante.
"Les JO, c'est une médaille d'argent et donc une défaite. Le titre de champion du monde reste pour moi le meilleur souvenir de ma carrière", dit-il.
Ce sacre a eu un gros impact médiatique en France, avec une notoriété accrue pour Gatien et des conséquences positives pour la discipline, qui a vu affluer les nouveaux licenciés.
"Pour moi, Jean-Philippe Gatien , c'est tout", dit de lui Adrien Mattenet , le N.1 français actuel. "C'est lui qui a tout fait dans notre sport, qui l'a fait monter au niveau économique aussi. Je lui dis un grand merci. J'aimerais bien prendre la relève, mais c'est très difficile."
Même si Gatien n'a plus ensuite retrouvé en simple son niveau des années 92-93, il a vécu de belles aventures avec les autres Mousquetaires, Patrick Chila , Damien Eloi et Christophe Legout, tous entrés dans le Top 20.
Par équipe, ils ont été champions d'Europe en 1994 et 1998, et vice-champions du monde en 1997. En double, Gatien et Chila ont été médaillés de bronze aux JO de Sydney en 2000 et champions d'Europe la même année.
Puis ça a été un lent déclin pour les uns et les autres, et pour le ping français. Constamment blessé, Gatien n'a pu tenir son rang aux Mondiaux-2003 à Paris. L'année suivante, il a échoué à se qualifier pour les JO d'Athènes et a mis un terme à sa carrière.
En décembre 2011, Mattenet est devenu le premier Français en dix ans à intégrer le Top 20. Une longue traversée du désert. "On pensait que le renouvellement des générations se ferait de manière quasi automatique", estime Gatien. "Mais on s'est trop reposé sur nous et on a un peu oublié de préparer la relève."
"Aujourd'hui, par contre, c'est chose faite. La génération qui arrive a un énorme potentiel", reprend-il, ne désespérant pas de voir un jour un autre Français devenir champion du monde.
"Il faut rêver grand, donc pourquoi pas", pense-t-il. "Maintenant, il y encore beaucoup de travail. Dans le tennis de table, il y a peu d'élus. C'est un sport universel et extrêmement concurrentiel, donc décrocher une médaille sur un Mondial, c'est vraiment un exploit colossal."
Gatien n'a pas délaissé l'univers du ping. Ambassadeur de la marque Cornilleau, il a recruté pour elle une équipe de joueurs, dont le nouveau champion de France Simon Gauzy , auxquels il prodigue ses conseils.
Il voit dans ces Mondiaux l'occasion de mieux promouvoir un "sport populaire par excellence". "Il faudrait qu'ils servent de déclic, que les gens perçoivent à l'avenir le ping différemment d'il y a deux ou trois mois."