Happy Birthday : |
Depuis la décennie dorée des Gatien, Chila et Eloi en 1990-2010, la France du ping-pong peine à retrouver une place au zénith. Mais la fédération est allée chercher ce qui se fait de mieux pour y parvenir: Un entraîneur chinois, un vrai.
Han Hua est un atypique. Un Chinois d'un bon mètre 80, au Français hésitant mais correct, c'est rare. Et c'est cette perle que la fédération chinoise a allouée à son homologue française pour l'olympiade en cours. Avec une arrière-pensée, certes: exporter le "Ping", sport national tellement dominé par "l'Empire" que ses résultats en deviennent d'un ennui mortel. Quatre médailles d'or sur quatre aux JO de Londres. De quoi lasser public et sponsors.
A l'INSEP, où il officie depuis décembre dernier, Monsieur Han a vite trouvé ses marques et repéré les chantiers prioritaires.
Et l'ancien entraîneur des juniors chinois, dont trois sont devenus champions olympiques, n'est pas tendre avec la planification à la Française, alors que se disputent les championnats de France à Mouilleron-le-Captif, en Vendée: "Ici, le programme n'était pas bien fait, le dosage entre phases d'entraînement, de travail physique et de compétition n'était pas respecté. Et c'est compliqué de changer les habitudes".
En arrivant à Paris, il a d'abord travaillé à rompre avec ces mauvaises habitudes héritées de l'époque bénie: "Les Français ont pris du retard. Ils ont une histoire avec les Gatien (vice-champion olympique en 1992 et champion du monde 1993, ndlr), Chila (médaillé de bronze en double avec Gatien aux JO-2000), Eloi, Legoût (vice-champions du monde par équipes avec les deux précédents en 1997). Ils sont intelligents mais se sont trop longtemps reposés sur leurs lauriers".
- "Electrochoc" -
Depuis la fin du XXe siècle, le jeu a changé, souligne l'entraîneur. Mais c'est comme si les Français ne s'en étaient pas rendu compte.
"Avant, on attaquait ou on défendait. Maintenant, il faut savoir tout faire. Les plus grands n'ont pas de point faible. Le format des balles a changé, les échanges sont plus longs qu'avant et il faut avoir un bon physique", note-t-il.
Et c'est bien là que la France faillit. En rejoignant l'INSEP, Han Hua a été surpris par le nombre d'internationaux blessés: "Prenez Tristan Flore ! Champion d'Europe junior l'an dernier et depuis blessé à l'épaule. Idem pour Quentin Robinot (titré chez les juniors en 2009). Il y en a beaucoup dans ce cas".
Mal du pongiste, la tendinite de l'épaule fait des ravages en équipe de France. La faute à un rythme mal engagé, selon Han: "A l'époque faste de l'équipe de France, le physique était moins important. Aujourd'hui, il faut faire de la muscu, des programmes de souplesse et de coordination motrice".
Du coup, la révolution culturelle est en marche. Les anciens entraîneurs sont partis et les joueurs s'adaptent. Surtout, les héros de la belle époque, passés dans l'encadrement, ont adoubé le nouveau venu. "Eloi, Legout, Chila considèrent que c'est un bon entraîneur. Il parle beaucoup aux joueurs, il est proche d'eux", note le président de la fédération française, Christian Palierne, qui a organisé l'importation du maître durant les derniers Mondiaux disputés à Paris-Bercy, en 2013.
Fraîchement élu, Palierne avait remarqué que le passage des meilleurs cadets et juniors tricolores à la catégorie supérieure était souvent laborieux. "Comme souvent en France, c'était chaotique, dit-il. On n'avait pas de stratégie bien définie. Il fallait un électrochoc. Il y a des choses qui ne peuvent être dites que par quelqu'un de l'extérieur".
Han Hua, engagé jusqu'à Rio, a des objectifs ambitieux avec la fédération: une médaille à l'Euro par équipes cette année, puis la même aux JO de 2016. Impossible n'est pas chinois?