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Nenad Lalovic (d), président de la Fédération internationale de lutte, après l'annonce du maintien de ce sport au programme des jeux Olympiques le 8 septembre 2013 à Buenos Aires
La lutte a récupéré dimanche ses galons olympiques, qu'elle avait perdus en février, après avoir convaincu le CIO de la maintenir sous le drapeau aux cinq anneaux aux Jeux de 2020 attribués la veille à Tokyo, et de 2024.
Les quelque 100 membres du Comité international olympique (CIO), réunis à Buenos Aires, ont donc décidé de repêcher ce sport ancestral par une majorité de 49 voix, plutôt que de permettre le retour du softball et du base-ball sous une casquette commune (24), ou l'entrée du squash (22).
Ce scrutin était largement attendu tant la décision prise en février par la commission exécutive du CIO d'exclure la lutte du pré-programme olympique après les Jeux de Rio de Janeiro de 2016 avait suscité stupeur et indignation, bien au-delà du petit milieu des amateurs et pratiquants.
Même certains membres du CIO ont raconté dimanche n'avoir pas compris comment leurs collègues de la Commission exécutive avaient pu porter leur choix sur un sport aussi universel, emblématique des Jeux Olympiques, dont il était déjà l'une des composantes dans la Grèce antique, et qui requiert comme équipement rien de plus qu'un gros tapis.
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Une photo illustrant la lutte aux jeux Olympiques avant le vote pour le maintien de ce sport ancestral au programme des jeux Olympiques le 8 septembre 2013 à Buenos Aires
"Je ne peux pas voir dans la tête de chacun de mes 14 collègues de la commission exécutive", a souligné Jacques Rogge, président du CIO jusqu'à mardi. "Cependant au fil des discussions, j'ai su que la gouvernance de la Fédération internationale de lutte à cette époque n'était pas optimale: il n'y avait pas de sportif avec un droit de vote au conseil exécutif, ni au niveau de l'assemblée générale, pas de commission des athlètes, pas de femme au conseil exécutif et les règles manquaient de clarté et n'étaient pas forcément comprises du grand public. Il y avait un certain nombre de choses inadéquates et c'est pour cela que la commission exécutive a pris cette décision", a expliqué le Belge, qui n'avait lui-même pas participé au vote.
Leçon apprise
Depuis qu'elle a été condamnée à se battre pour éviter de finir aux oubliettes olympiques après Rio, la lutte a entrepris une métamorphose salutaire. La Fédération internationale (FILA), qui a changé vite fait de président après le coup de tonnerre de l'hiver, a révisé en profondeur ses statuts pour les rendre plus démocratiques, tout comme ses règles, pour rendre les combats plus attractifs.
"C'est un euphémisme de dire qu'aujourd'hui est le jour le plus important pour notre sport en trois mille ans d'existence", a lancé Nenad Lalovic, le nouveau patron de la Fédération, en s'adressant aux membres du CIO. "La lutte a appris la leçon", a assuré le Serbe, dont le charisme a beaucoup contribué à sauver son sport.
Selon lui, cette crise a permis à la lutte de changer. "On a parlé de corruption mais ce ne sont que des rumeurs, rien de concret. Le meilleur moyen de lutter contre cela est d'avoir des règles de transparence", a-t-il souligné, lors d'une conférence de presse.
Au terme de ces sept mois de crise, la lutte a gagné gros: elle est la seule à avoir une place assurée au menu des Jeux de 2024. Car le couperet pourra tomber sur l'un des 27 autres sports composant le spectacle de Rio, quand le CIO entreprendra de revoir à nouveau le programme olympique.
Cependant, la mésaventure de la lutte va aussi servir de leçon au CIO. Car le long, fastidieux et dispendieux processus entrepris pour rénover le programme olympique afin de séduire des nouveaux publics n'aura été qu'un coup d'épée dans l'eau, ou presque.
Aussi l'Association des fédérations olympiques d'été (ASOIF) souhaite qu'à l'avenir l'examen porte non plus sur les sports dans leur globalité, mais sur toutes les compétitions et disciplines de tous les sports. Certaines trop similaires pourraient être ainsi supprimées pour faire de la place à de nouveaux sports, afin de rester dans la limite de 10.500 athlètes fixée par la charte olympique.