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Star révérée du rugby à XIII, l'Anglais Sam Burgess a tout plaqué il y a dix mois pour tenter sa chance à XV avec le rêve fou, mais proche de se réaliser, de disputer la Coupe du monde en septembre.
Action, comédie, tragédie, suspense... La carrière de Burgess, scénarisée par l'acteur-réalisateur néo-zélandais Russell Crowe, prend volontiers la tournure d'un film. Et la prochaine scène se déroulera à Twickenham, samedi face à la France, quand Burgess, âgé de 26 ans, fera ses premiers pas sous le maillot du XV de la Rose en match de préparation à la Coupe du monde.
Il faut remonter à l'hiver 2009 pour comprendre comment ce timide garçon né dans un village du Yorkshire (nord-est) et biberonné au XIII s'est transformé en vedette globale de son sport.
Alors joueur des Bradford Bulls, son gabarit exceptionnel (1,93 m, 116 kg) et ses aptitudes techniques hors du commun en font un immense espoir. A l'époque, Burgess s'est aussi forgé un mental solide, sur le terrain comme en-dehors, puisqu'il a perdu deux ans auparavant son père, lui-même ancien treiziste, d'une longue maladie neurodégénérative.
Burgess croise alors la route de Crowe, en tournage du film "Robin des Bois" dans le Derbyshire voisin. L'artiste est aussi un mordu de XIII, propriétaire depuis 2006 de la franchise australienne des South Sydney Rabbitohs et en quête de nouveaux talents pour une équipe en pleine résurrection.
- Tambour battant -
Il appelle donc Burgess, qui lui raccroche au nez croyant à une farce, lui envoie un e-mail et finalement le rencontre quelques jours plus tard. Véritable dépliant touristique pour Sydney, Crowe convainc Burgess en trois heures, avec à la clé un salaire très confortable.
Burgess restera donc quatre ans "Down Under" où, rejoint par ses trois frères également joueurs, il deviendra une sorte d?icône dont les charges et plaquages laisseront à ses adversaires l'impression d'avoir été pris dans le tambour d'une machine à laver.
Surtout, en octobre 2014, il apporte aux Rabbitohs leur premier titre national depuis 43 ans, en jouant toute la partie avec une pommette fracturée. De quoi le faire entrer dans la légende avant son départ pour Bath, acté dès février 2014.
Burgess se lance ainsi un pari un peu dingue compte tenu des délais: parvenir à participer à la Coupe du monde en Angleterre (18 septembre - 31 octobre), lui qui n'a aucune expérience à XV.
Il n'en est plus très loin. S'il n'a disputé que 16 matches de championnat, Burgess est tout de même retenu dans le groupe de Stuart Lancaster pour préparer la compétition.
Pour l'heure, sa reconversion n'a pourtant guère convaincu les observateurs. Son positionnement, en troisième ligne ou au centre, fait débat. Samedi, contre la France, il portera le N.12.
"Mais on n'a pas vraiment vu Sam Burgess s'exprimer au centre en match", déplore ainsi l'entraîneur d'Exeter Rob Baxter.
- Question d'équilibre -
"On verra si Sam arrive à reproduire en match les bonnes choses qu'il montre à l'entraînement", répond Lancaster.
"Nous avons besoin d'équilibre dans nos lignes arrières, entre ceux qui font jouer au ballon, ceux qui le portent et ceux qui concluent les actions. Sam remplit la case du porteur de balle", précise le sélectionneur.
Mais la puissance et les qualités défensives de Burgess suffiront-elles à ce poste? "Lancaster n'a pas parlé de ses aptitudes à lire le jeu, à gérer une partie, à analyser, à se placer judicieusement. Car Burgess n'a rien de ça", persifle ainsi l'ancien demi de mêlée Matt Dawson (77 sél.).
Il n'empêche, la présence de Burgess chatouillera les esprits dans les rangs français, où il compte quelques admirateurs, dont le capitaine Thierry Dusautoir ou son probable vis-à-vis, le centre Rémi Lamerat.
"Je suis un grand amateur du rugby à XIII australien et Sam Burgess ça représente... pfff", souffle le Castrais. "Je le suivais beaucoup et quand j'ai vu qu'il venait au XV, j'espérais avoir la chance un jour de jouer contre lui, même si ça doit être compliqué", assure-t-il à l'AFP avant de s'esclaffer: "Il va falloir préparer les épaules!"