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Les plaies ne sont pas encore complètement pansées mais le patineur Florent Amodio s'est pris en main cette saison, avec humilité et lucidité, pour renouer avec un podium international hors de portée depuis 3 ans.
Le champion d'Europe 2011 s'est engagé jeudi et vendredi au Trophée Nebelhorn (circuit challenger), à Oberstdorf (Allemagne), où il présentera pour la première fois en compétition ses deux nouveaux programmes, qu'il a lui-même montés. Une nouvelle donne pour cet indéniable talent, stoppé en plein vol durant l'été 2013 par la rupture douloureuse avec son mentor, le Russe Nikolai Morozov.
"Jusque-là (la rupture), tout avait été facile pour moi. J'ai découvert le côté noir des choses. Je ne suis pas un super-héros, malheureusement", confie Amodio, 25 ans, à l'AFP.
"Ce n'est qu'Obertsdorf, c'est sûr mais c'est déjà très important pour moi. Il a fallu me remettre en question, sur moi, ma façon de m'entraîner. Je pensais m'en sortir plus tôt. Ce n'était pas faisable, mes résultats l'ont prouvé", poursuit-il.
Amodio s'est entraîné avec Morozov durant 3 ans "extraordinaires". Le coach a été l'artisan des 3 grandes médailles d'Amodio, aux Championnats d'Europe, dont une en or en 2011.
Après cette séparation, Amodio s'est effondré. Il a ainsi terminé dix-huitième aux JO-2014 à Sotchi: "Nikolai a foutu en l'air tout ce qu'on a créé pendant 3 ans. Je lui en veux. On avait créé quelque chose de solide et tout est parti en fumée. Il a fallu me débarrasser de Nikolai. Ca a été très dur de gommer tout ça".
- 'Happy' -
Amodio a peiné pour trouver une stabilité dans l'entraînement. Il a changé plusieurs fois de coach. Mais son manque de régularité et de rigueur n'ont fait que l'éloigner davantage du très haut niveau.
"Je me suis retrouvé tout seul mais c'était à moi seul de m'en sortir".
La saison dernière, il s'est dit dans une phase de reconstruction, sous la houlette de Bernard Glesser et Fabian Bourzat. Et Claude Peri, avec qui il s'entraîne toujours à Paris cette saison. Il a terminé la saison passée avec une 9e place aux Mondiaux, et des programmes au contenu plutôt faible.
"J'aspire à plus que ça mais il fallait déjà revenir à ça. C'est le premier été où je travaille dans la continuité de la saison précédente", se satisfait le patineur, heureux d'avoir vécu un été sans bobos ni contrariétés.
Amodio dit avec fierté avoir pris sa vie en mains. Il débute une formation de journaliste à l'Insep, s'entraîne les lundis et samedis au foot pour une association caritative, fait beaucoup de préparation physique et monte même ses programmes tout seul.
Un programme court sur "Happy" de Pharrell Williams, où il fera le show, et un long sur des chansons de Benjamin Clementine, où il espère "être bouleversant". Deux programmes présentés lors de galas dans le cadre d'une tournée avec l'équipe de France avant l'été.
"J'ai patiné 24 fois de suite en exhibition, je les ai bouffés pendant un mois et demi ces 2 programmes !", dit-il.
"La saison arrive et je n'ai pas peur. Je ne dépasse plus les limites, je ne me vois ni trop beau ni trop fort. Et la motivation est là", souligne Amodio, qui ne veut plus se contenter de coups d'éclat.
"Je veux aller au plus haut et y rester et ça, c'est le plus dur", glisse-t-il.
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