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Gabriella Papadakis, championne du monde en danse sur glace, victime d'une chute sur la tête à l'entraînement, fin août, souffre de dysfonctionnements cérébraux qui entraînent le report de son début de saison.
Victime d'une commotion cérébrale, la partenaire de Guillaume Cizeron, a indiqué à l'AFP depuis Montréal où elle s'entraîne, qu'elle avait entrepris un travail avec un neurologue afin de "rééduquer" son cerveau.
Le duo de danseurs devrait faire sa rentrée au plus tôt au Trophée Bompard à Bordeaux (13-15 novembre).
Q: Comment vous sentez-vous ?
R: "Je me sens mieux, beaucoup mieux mais quand même assez faible. Je fatigue assez rapidement et dès que je suis fatiguée, tous mes symptômes reviennent: perte d'équilibre, problème de mémoire, problèmes de concentration."
Q: Vous êtes vous rendue compte immédiatement des conséquences de cette chute ?
R: "Je suis sortie de la glace après être tombée et au bout d'une demi-heure je me suis dit: +bon ça va, je suis un peu fatiguée mais je peux repatiner+. Les coaches m'ont dit: +t'es tombée sur la tête, tu rentres chez toi+. Toute la journée j'étais vraiment fatiguée. Je suis allée faire un tour dehors pour m'acheter des trucs à manger et là je me suis rendue compte que ça n'allait vraiment pas. Et ça s'est aggravé au fil des jours. Ce n'est que 3 jours après que je me suis dit que j'allais peut-être aller à l'hôpital."
Q: Quel a été le diagnostic ?
R: "Il y a pas mal de fonctions de mon cerveau qui ont été endommagées. Je dois faire une sorte de rééducation du cerveau. C'est un travail assez inconscient. (...) Pendant les séances, j'ai l'impression de ne rien faire absolument, de rester devant une télé sur le canapé pendant une heure. En fait, c'est extrêmement éprouvant, je me relève avec difficultés et je dois attendre 20 minutes avant d'être capable de marcher. Et je me sens comme un légume pendant plusieurs heures après. C'est super éprouvant, le cerveau travaille énormément."
Q: Qu'avez-vous fait dans les jours qui ont suivi la chute?
R: "Pendant 2 semaines et demie, je n'ai rien fait du tout ! Mais rien ! Vraiment rien ! Je ne savais pas qu'on pouvait ne rien faire à ce point-là. Je vis toute seule, j'étais censée ne pas lire, ne regarder aucun écran. J'ai essayé quand même de lire un peu mais je n'y arrivais pas du tout. Des fois j'allais sur l'ordinateur pour passer le temps mais au bout de 5 minutes j'avais l'impression de m'être brûlé les yeux. Je dormais, je prenais des bains de 3 heures, je me déplaçais de ma table à mon canapé, de mon canapé à mon lit, de mon lit à ma table. Et puis voilà."
Q: Et puis vous avez repris l'entraînement mi-septembre...
R: "Un de mes symptômes est l'anxiété. J'étais énormément anxieuse à l'idée de patiner, j'étais persuadée que je n'y arriverais pas. Une fois sur la glace, ça s'est passé beaucoup mieux qu'attendu. Du coup, ça a un peu supprimé le coté psychologique de l'affaire."
Q: En quoi votre comportement a-t-il changé ?
R: "Je suis habituellement une personne assez calme et je suis devenue quelqu'un de très émotif. Je pleurais pour rien, j'étais très irritée facilement. Par exemple prendre le téléphone et entendre du bruit dans mon oreille ça m'irritait complètement, j'insultais tout le monde ! J'avais un peu le sentiment de dépression mais sans fondement ou de la peur. Des émotions fortes comme ça sans absolument aucun fondement. C'était étrange, je n'avais jamais connu ça. Ca revient parfois quand je suis fatiguée. Avoir un sentiment d'extrême tristesse sans aucune raison."
Q: Etes-vous inquiète concernant les grandes échéances de cette saison (Championnats d'Europe en janvier et du monde en mars) ?
R: "Bien sûr il y a une part de moi qui a peur que mes symptômes durent un peu plus longtemps et que le retard qu'on a dans notre préparation soit difficile à rattraper. Mais je reste assez positive et je me dis que cette année n'est pas une année olympique et qu'on a du temps, après. On devait reprendre au Master's d'Orléans (8-10 octobre) mais on se dit que c'est mieux de prendre le temps de guérir plus plutôt que de forcer les choses. Ce n'est vraiment pas facile de commencer par un Grand Prix (Bompard à Bordeaux, 13-15 novembre). C'est vraiment compliqué mais en même temps on n'a pas vraiment le choix, il n'y a pas d'autre compétition avant."
Propos recueillis par Sabine COLPART
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