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"Nous pouvons" est la devise de Kazan, et le principal stade de foot de la ville l'illustre : l'écrin du FC Rubin, deux fois champion de Russie, accueillera cet été les Mondiaux de natation avant d'être rendu au ballon rond, notamment pour le Mondial-2018 en Russie.
"C'est la première fois dans l'histoire qu'un stade de foot sera utilisé pour des compétitions aquatiques majeures", se félicite Ranko Tepavcevic, secrétaire général du directoire des projets sportifs de la capitale de la République du Tatarstan, à 750 km à l'est de Moscou.
Les gardiens de but et les attaquants rusés ne sont donc pas les seuls qui plongent dans les surfaces à Kazan. Du 24 juillet au 9 août, il y aura un beau plateau de nageurs pour piquer une tête dans les deux piscines (une d'entraînement et une de compétition) déjà installées dans la "Kazan Arena" à la place de la pelouse du FC Rubin, pensionnaire régulier d'Europa League ou de Ligue des champions depuis 2004.
"Certains gestionnaires de stades nous disaient +nous allons avoir un concert de Madonna+ et je leur répondais: +chez nous, vous n'avez encore rien vu+", raconte Vadims Andrejevs, le numéro 2 de la direction de l'"Arena" en jetant un oeil gourmand aux piscines.
- Observateurs de Rio -
Le temps d'enlever les bassins, puis de faire des travaux et contrôles de sécurité sous la pelouse, le Rubin ne retrouvera son terrain et ses 45.000 sièges qu'en mars prochain. D'ici là? Pas de problème, deux autres stades de la ville peuvent accueillir le club de foot (un de 28.000 places, un autre de 10.000). "C'est pour ça qu'on plaisante ici en disant que le Rubin est le club le plus riche de Russie puisqu'il a trois stades", rigole M. Andrejevs.
Pendant les épreuves de natation, "des observateurs viendront de Rio (qui organisera les JO de 2016, ndlr), de quoi peut-être leur donner des idées pour transformer des enceintes sportives comme nous", s'enorgueillit encore M. Tepavcevic.
Mais comment est née cette idée un peu folle ? "C'est ça la Russie, c'est ça Kazan, c'est ça le Tatarstan, dont la devise est d'ailleurs +nous pouvons+", s'enflamme Vladimir Leonov, ministre de la Jeunesse et des Sports de cette république. Cet homme dynamique de 37 ans est un élément moteur du développement de la "Kazan Arena", voulue ultra-moderne et multifonctions dès le départ.
- 'Je pleurais' -
Kazan, qui détient depuis 2009 le titre honorifique de "capitale des sports de la Russie", avait lancé la construction de ce site en mai 2010 (pour 15 milliards de roubles, soit un budget modeste d'environ 2,3 millions d'euros d'aujourd'hui). Bien vu: le 2 décembre 2010, la Fifa attribuait le Mondial-2018 à la Russie.
"Ce jour là, j'ai pleuré", confie le ministre. "Il y a dix ans, on m'aurait dit +la Russie aura la Coupe du monde+, j'aurais répondu +vous êtes fous+, poursuit-il. Mais ces dernières années, les mentalités changent, le sport est tendance, permet à beaucoup de se lancer des défis, il faut avoir des rêves".
Les concepteurs des stades de Wembley et d'Arsenal (l'Emirates Stadium) à Londres ont été sollicités pour leurs conseils. "Et nous nous sommes inspirés du secteur des services offerts autour du tournoi de tennis de Wimbledon et du merchandising en Formule 1", détaille encore M. Andrejevs, qui ponctue: "nous voulions un standard 5 étoiles, comme l'ont certains hôtels".
Le 24 juillet, la Fifa attribuera à chacun des onze sites russes du Mondial-2018 son lot de matches, la veille du tirage au sort des éliminatoires à Saint-Pétersbourg. Kazan peut même prétendre à un quart de finale, qui fait briller les yeux de M. Leonov.
Et si la justice suisse, qui enquête sur les attributions des Mondiaux 2018 et 2022 au Qatar, sur fond de soupçons de corruption, demandait un nouveau vote? M. Leonov ne veut pas y penser: "Cette Coupe du monde, nous la voulons, et ici nous sommes prêts".