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Les mains moites, le c?ur qui s'emballe, des papillons dans le ventre, les nerfs à fleur de peau: les plongeurs de l'extrême sautent d'une hauteur de 27 m avec la peur au ventre pour des sensations uniques.
"Beaucoup de gens disent qu'on est des junkies de l'adrénaline! La sensation de sauter, de voler dans les airs, cette totale liberté qu'on éprouve, c'est pour tout ça qu'on le fait", raconte le Californien David Colturl, engagé dimanche à La Rochelle pour la deuxième étape du circuit mondial.
Créé en 2009 par la marque de boisson Red Bull, le circuit réunit les meilleurs plongeurs de haut vol de la planète qui ne sont qu'une bonne dizaine.
Les athlètes s'élancent d'une plateforme située à 27 m de haut en effectuant des figures, pour lesquelles ils sont notés par cinq juges. 27 mètres, c'est l'équivalent d'un immeuble de huit étages. Le saut dure trois secondes et l'impact avec l'eau est puissant. Une discipline dangereuse dictée par la peur.
"J'aime avoir peur, ça m'aide. A réfléchir, à me concentrer", souligne le pape de la discipline, le Colombien Orlando Duque .
"On fait tout pour que ça ait l'air facile, mais c'est vraiment très dangereux. En trois secondes, on passe de 0 à 85 km/h et une fois dans l'eau vous décélérez jusqu'à zéro et descendez à 4 m de profondeur en deux secondes".
La peur est incroyablement attirante pour ces gars bien peu ordinaires et leur retourne l'estomac avant de leur procurer une certaine extase.
-"Un sentiment complètement dingue"-
Le Britannique Gary Hunt avoue avoir du mal à manger avant la compétition. "L'adrénaline ne nous lâche pas. Pendant les trois secondes, on ne pense qu'aux mouvements, on prend des repères, on compte le nombre de mètres jusqu'à l'impact, on n'a pas le temps de penser à autre chose", explique le plongeur de 29 ans, motivé par le challenge à relever pour braver le danger.
"Si ce n'était pas dangereux, on n'aimerait pas le faire. C'est le danger qui le rend excitant. En termes de sensation, il n'y a pas d'équivalent, c'est vraiment une sensation à part".
La peur, c'est l'alter ego de ces plongeurs. Pour leur bien également. Elle les protège d'éventuels accidents potentiellement dramatiques.
"La peur est toujours là. C'est un sentiment complètement dingue, on adore ça en tant que plongeur. Et la peur doit être là, sinon on peut se blesser sérieusement. C'est une faiblesse de ne pas avoir peur", dit Colturl, arrivé il y a seulement quatre ans sur le circuit.
"Quand vous êtes sur la plateforme et que vous réalisez à quelle hauteur vous êtes, c'est sensationnel. Et votre système nerveux répond immédiatement! Votre corps tremble un peu. Là, il faut faire des exercices de respiration, se concentrer sur ce qu'on doit faire et être performant".
Tous les plongeurs domptent la peur en répétant inlassablement dans leur esprit les figures qu'ils doivent exécuter.
C'est l'impact avec l'eau qui peut créer de graves blessures. A l'entrée dans l'eau, si le corps n'est pas à la verticale, c'est un souci assuré. L'entrée dans l'eau ne doit se faire que par les pieds.
Le Français Hassan Mouti a payé le prix cher en 2011 à Athènes dans ce qui reste l'accident le plus grave depuis la création du circuit Red Bull.
Il avait préparé une nouvelle figure composée de cinq tours en avant. Mais la peur de ne pas bien faire a pris le pas sur ce qu'il avait à faire. Il s'est déconcentré.
"Malheureusement j'ai eu le black-out, j'ai complètement perdu mes repères, je suis tombé sur le flanc. Il m'a fallu cinq mois pour revenir physiquement et plus d'un an pour revenir mentalement", se souvient le Français, désormais retraité.
"A partir du moment où j'ai décollé de la plateforme, c'était déjà fini. Je ne savais plus où j'étais, où était l'eau, à quelle hauteur j'étais, quand j'allais toucher l'eau et de quelle manière", poursuit Mouti, qui espère un jour replonger de 27 m, juste pour retrouver cette sensation unique.