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Encore fortement choquée, Mélanie Hénique, nageuse de l'équipe de France, a porté plainte vendredi pour agression "homophobe" après avoir été insultée et rouée de coups il y a huit jours à Amiens, une altercation dont elle est sortie le nez cassé.
"J'étais avec deux amies vendredi dernier (NDLR: le 26 juin) et on sortait d'un restaurant", a témoigné auprès de l'AFP la jeune femme de 23 ans, médaillée de bronze sur 50 m papillon aux Mondiaux-2011: "Quatre mecs nous regardaient, ils nous ont demandé des cigarettes, mais je sentais que ce n'était pas que pour ça".
"On allait repartir mais ils ont commencé à nous insulter et tout s'est enchaîné très vite. Un des gars nous a bloquées, je n'ai rien vu venir, le mec m'a frappée, j'étais complètement sonnée, je ne sais pas ce qu'il s'est passé après, j'ai vu mes amies par terre. Après on est allé aux urgences", se souvient la nageuse, qui est passée sur la table d'opération mardi et ressent toujours des douleurs. Elle a reçu le soutien de Florent Manaudou et Frédérick Bousquet.
"J'avais déjà été insultée, mais on ne m'avait jamais frappée", a-t-elle poursuivi, sans vouloir préciser la teneur de ces insultes homophobes, "tellement c'était violent". "Il y avait beaucoup de haine. Psychologiquement, c'est un sacré choc, je ne m'y attendais pas du tout".
- 'Je suis comme je suis' -
"C'était un devoir pour moi de rendre publics ces faits, non pas pour parler de moi mais ne serait-ce que pour aider tout ceux qui n'osent pas porter plainte. Ça arrive trop souvent", a insisté la jeune femme, qui "assume complètement" son homosexualité: "Je suis comme je suis. Mais je ne suis pas non plus quelqu'un qui va le montrer, je suis discrète. Je fais attention, c'est ma vie privée et je ne l'étale pas".
"Je suis allée porter plainte vendredi, à Amiens, là où ça s'est passé. C'était important d'aller porter plainte. C'est un acte grave, homophobe, c'est inadmissible, ça doit être puni", a précisé Mélanie Hénique, qui s'est installée en janvier à Marseille.
Après cette agression, la nageuse de l'équipe de France, sélectionnée pour les Mondiaux début août à Kazan (Russie), a dû stopper sa préparation. Elle a ainsi été contrainte de déclarer forfait pour l'Open de France où sont réunis tous les Bleus ce week-end à Vichy.
"Elle récupère, et elle va reprendre l'entraînement dès lundi", a expliqué dimanche depuis Vichy le directeur technique national, Jacques Favre, auprès de la presse, en reconnaissant que la nageuse était touchée: "C'est problématique psychiquement, c'est assez complexe pour elle, mais physiquement il n'y a pas de chose dramatique (...), on va essayer de la faire nager avec un masque sûrement. On va essayer de l'encadrer un peu plus, de la soutenir. On pense à elle dans ces moments qui sont un peu compliqués."
- 'Une histoire personnelle' -
Cette agression a notamment fait réagir Ségolène Royal, qui, via son compte Twitter, a exprimé dimanche sa "Solidarité avec Mélanie Hénique, victime d'une odieuse agression homophobe": "Stop à la loi du silence. Et la Fédération, pas de plainte ?", a poursuivi la ministre de l'Ecologie et de l'Energie dans son tweet.
Via son DTN, la Fédération avait déjà réagi en fin de matinée, expliquant avoir "voulu jouer la carte de la discrétion sur cette affaire car c'est une histoire personnelle".
Encore incapable d'expliquer les faits, la nageuse a souhaité témoigner, même si "c'est dur". "Mais je pense qu'il était important d'en parler. Je pense à toutes ces personnes dont la vie peut être brisée par de telles agressions et qui n'ont pas forcément la possibilité d'en parler".
"J'ai bien conscience du climat homophobe qui règne en France malheureusement aujourd'hui, a-t-elle poursuivi. C'est une forme de racisme, c'est aussi insupportable que toute autre discrimination et ça doit être condamné comme tel", a plaidé l'Amiénoise, dont les deux amies s'en sont sorties indemnes.
Dans le cadre de l'enquête policière, Mélanie Hénique sera examinée lundi par un médecin. Et si elle a accepté de parler à l'AFP, elle ne souhaite plus prendre la parole sur le sujet.
"J'aspire à présent à retrouver les bassins, mes sensations dans l'eau et mon statut d'athlète de haut niveau. Il me reste peu de temps pour me préparer pour Kazan. Je veux me donner les moyens de réussir", a-t-elle souhaité. "Je ne voudrais pas donner raison à mes agresseurs en baissant la tête", conclut-elle.