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© AFP/PATRICK HERTZOG
La Française Charlotte Bonnet
après sa victoire sur 200m nage libre aux championnats de France, le 25 mai 2017 à Schiltigheim
Charlotte Bonnet a assumé son statut de chef de file de la natation féminine en se qualifiant avec la manière, record personnel à la clé, pour les Mondiaux-2017 sur 200 m nage libre, aux Championnats de France à Schiltigheim, jeudi.
Elle l'avait annoncé en début de semaine : son objectif dans le bassin alsacien était, outre un billet pour Budapest, de "casser la barre des 1 min 56 sec". Mission accomplie. La Niçoise de 22 ans a abaissé son record sur 200 m de 1 min 56 sec 16 (établi le 6 juin 2015 à Canet) à 1 min 55 sec 80.
Elle signe ainsi la troisième meilleure performance mondiale de la saison, derrière la Suédoise Michelle Coleman (1:55.64) et l'Australienne Emma McKeon (1:55.68). Près de deux secondes sous le temps qualificatif pour les Championnats du monde (1:57.74).
"J'étais émue parce que ça fait longtemps que je voulais le faire", a reconnu Bonnet. "1 min 56 sec, je l'ai fait tant de fois, préparée, pas préparée, fatiguée, en ayant mal aux jambes, mal aux bras? Au bout d'un moment, je me suis dit: +Il faut passer à autre chose+. J'avais fait tous les dixièmes possibles en 1 min 56 sec."
Au-delà du symbole, franchir cette barrière chronométrique s'apparente à un changement de dimension.
- 'Incident magique' -
"Il y a une densité énorme chez les filles sur 200 m : quand on nage en 1 min 56 sec, on est inexistante sur la scène internationale, alors qu'en 1 min 55 sec, c'est de nature à forger de nouvelles ambitions", analyse son entraîneur Fabrice Pellerin.
Le déclic est sous doute à aller chercher dans une déchirure à la cuisse en début d'année qui l'a conduite à faire évoluer sa nage. "Un mal pour un bien", puisque Bonnet a gagné en "fluidité", résume la nageuse.
"Il y a des incidents dans la vie qui sont des moments magiques et qui permettent de nous réinventer.Elle était un peu handicapée à la cuisse, il a fallu s'entraîner quand même, avec de nouvelles choses. Ça l'a amenée à glisser vers une nouvelle nage", explique Pellerin.
Depuis septembre, la nageuse, finaliste olympique du 200 m il y a un an à Rio (8e), a par ailleurs entamé un travail psychologique. "Je sentais que j'avais vraiment besoin d'extérioriser tout ce que je renfermais, tout ce qui s'était passé ces dernières années. Ca me fait du bien, je me sens plus sereine", confie-t-elle.
"Elle puise de la force là-dedans", confirme Pellerin.
- L'inconnue du 100 m -
Avec la qualification de Bonnet, la natation française, qui vit des débuts de Championnats de France poussifs, à l'image de la désillusion connue par Jordan Pothain, enregistre une bonne nouvelle. A la recherche d'un nouveau souffle après les départs en série post-Jeux de Rio, elle ne compte cependant que quatre qualifiés pour les Mondiaux-2017 (dont Muller qui n'y nagera vraisemblablement pas le 1500 m) à mi-compétition.
Vendredi, ils seront trois à prétendre aux deux sésames disponibles dans le 100 m nage libre : les Marseillais Mehdy Metella et Clément Mignon, 24 ans tous les deux, et l'Amiénois Jérémy Stravius (28 ans).
Le premier, passé deux fois cette saison sous la barre qualificative fixée à 48 sec 58, fait figure de favori.
Davantage de questions entourent l'état de forme de ses deux principaux rivaux, qui n'ont plongé qu'une fois en compétition avant le rendez-vous alsacien.