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En grande difficulté depuis le début des Championnats d'Europe de natation, Yannick Agnel a arraché à l'orgueil le bronze sur sa distance fétiche, le 200 m nage libre, mercredi à Berlin.
Le champion olympique et du monde en titre de la distance a terminé 3e (1:46.65), derrière le Serbe Velimir Stjepanovic (1:45.78) et l'Allemand Paul Bierdermann (1:45.80). Il apporte à la France la quatrième médaille de ces Euros (dont 2 en or).
"Je suis allé la chercher avec le coeur, celle-là ! Ce n'est pas de l'or mais ça a vraiment le goût de l'or. C'était vraiment pas évident", a soufflé Agnel, épuisé.
Le Français, 5e au dernier virage, a tout donné pour accrocher ce podium malgré l'épuisement qui lui colle à la peau depuis le début de la compétition. Il a eu toutes les peines du monde à sortir du bassin.
La veille, l'élève depuis plus d'un an de l'Américain Bob Bowman n'avait pas caché sa souffrance. "Dans la tête comme dans les jambes, ce n'est pas évident en ce moment. J'ai une année de travail acharnée sur le dos", avait-il confié, ajoutant qu'il n'avait jamais travaillé aussi intensément depuis son installation aux Etats-Unis au printemps 2013.
Jusque là, il était en grande difficulté dans la piscine du Vélodrome de Berlin (sorti en séries du 400 m et écarté du 4x100 m). "Ce n'est pas Agnel, il a envoyé son jeune frère", a même ironisé Frank Embacher, le coach de Biedermann.
Agnel avait averti avant de venir que cette année était "un peu bizarre" et "charnière".
"C'est la première année que je bosse avec Bowman. Il faut que j'apprenne tout. Avec Fabrice (ndlr: Pellerin, son ex-entraîneur à Nice) c'était plus simple, je savais quasiment ce qu'on allait faire, la manière de le gérer, etc. Il y avait quelque chose de plus confortable".
- 'Le mauvais choix' -
Agnel s'est installé en mai 2013 à Baltimore (Etats-Unis) avec Bowman, le mentor de l'olympien le plus médaillé de l'Histoire, Michael Phelps . Il venait de rompre brutalement et avec fracas avec son entraîneur de toujours à Nice, Fabrice Pellerin.
A Baltimore, il a découvert les méthodes à l'américaine avec en prime un énorme travail de musculation encore jamais accompli.
"Il s'entraîne avec les mecs les plus rapides du monde. Chaque nouvelle série, c'est une finale des jeux Olympiques", explique Clément Lefert, son ancien partenaire d'entraînement à Nice, qui s'est aussi entraîné aux Etats-Unis.
"Il a fait beaucoup de musculation, il a pris du poids. Tu ne peux pas faire, comme ça, 1 min 43 avec dix kilos de plus. Il faut qu'il apprenne à gérer ça, à adapter sa technique à sa nouvelle morphologie", poursuit-il.
Pour Frédérick Bousquet, formé également à l'école américaine, le doute s'est inséré dans l'esprit du Français.
"Même s'il est bien entouré et protégé y a des trucs qui filtrent: t'as fait le mauvais choix de quitter Fabrice. Même si on ne lui souffle pas, il y pense aussi".
Ajouté à cela le retour dans les bassins de l'enfant prodige Phelps qui capte l'attention de Bowman, et Agnel se retrouve effectivement en plein trouble.
"Il va falloir qu'on se concerte (avec Bowman) après les Championnats d?Europe, histoire que cette saison ne se reproduise pas", a souligné mercredi Agnel, qui a renouvelé son "entière confiance" à son entraîneur. A qui il pourra au moins montrer une médaille de bronze teintée d'orgueil.