Happy Birthday : |
La natation et le sport français tout entier ont découvert avec stupéfaction samedi dans le quotidien L'Equipe que la championne olympique Camille Muffat avait décidé d'arrêter sa carrière à seulement 24 ans et à quelques semaines des Championnats d'Europe à Berlin (18-24 août).
Un coup dur pour le camp français, contraint de voir partir sans doute définitivement -mais "il ne faut jamais dire jamais", tempère toutefois la Niçoise-, l'un des ses plus grands espoirs de médailles en Allemagne.
A l'origine de ce choix aussi inattendu que surprenant, sans doute la lassitude que connaissent les nageurs usés par des années d'entraînement intensif et de compétitions acharnées. Et ce d'autant plus qu'ils ont tout gagné ou presque.
Mais aussi, concernant Muffat, un élément "déclencheur", un "différend" avec son entraîneur depuis 13 ans, Fabrice Pellerin, à l'avant-veille de l'Open de France à Vichy en juillet.
Pourtant, la championne (1,83, 71 kg) ajoute dans le quotidien sportif que son cas est bien différent de celui de son ancien compagnon de club à Nice Yannick Agnel , parti s'entraîner sous d'autres cieux en raison de relations devenues pour le moins difficiles avec Pellerin.
"Quoi que je dise, indique Muffat, tout le monde aura un jugement et fera le rapprochement. Mais je pense que pour un entraîneur, avec des champions olympiques, ça ne doit pas être facile tous les jours. Avec Yannick, on a deux personnalités différentes, on a fait nos choix pour des raisons différentes".
La triple médaillée olympique de Londres (or sur 400 m, argent sur 200 m, bronze sur 4x200 m) explique ensuite son retrait. A Vichy, dit-elle, "j'ai pris une grande décision, j'arrête de nager. J'ai toujours dit qu'arrêter à Nice signifierait arrêter de nager. Ca n'a fait que grandir en me rendant compte qu'aller ailleurs ne serait jamais une possibilité pour moi".
- Un choix de maturité -
"Peut-être (qu')il va y avoir des jugements, note-t-elle plus loin. C'est une décision soudaine mais c'est de ne pas la prendre qui aurait été une fuite. Pour moi c'est un choix de maturité, ma décision la plus adulte (...). Et ce que je retiens ce n'est pas que j'arrête parce qu'on a eu un différend (avec Pellerin). Pour avancer, on est obligé de se remettre en question, de s'engueuler, c'est tout à fait normal".
Une décision annoncée ces derniers jours en priorité bien sûr à son entraîneur et au DTN Lionel Horter.
Reste à savoir désormais si celle-ci est définitive. D'autres avant elle, comme l'Australien Ian Thorpe , les Américains Michael Phelps , Janet Evans et Dara Torres ou encore la Française Laure Manaudou sont revenus après avoir annoncé leur retraite. Sans que cela ne soit toujours une réussite.
Là encore, Muffat esquive un peu: "il ne faut jamais dire jamais. Michael Phelps était catégorique, Laure Manaudou , Ian Thorpe ... Bien sûr je suis jeune, et c'est peut-être une erreur. Mais je ne pense pas le regretter. Aujourd'hui, je suis sûre de moi et je pense être assez curieuse de tout pour explorer autre chose, à fond et sans retour".
Avec l'un des plus beaux palmarès de la natation française (elle est également championne du monde et d'Europe en petit bassin), Camille Muffat peut certes se retirer avec le sentiment du beau travail accompli.
"J'ai toujours dit que si je n'étais pas championne olympique, ce serait un regret énorme et je m'en voudrais toute ma vie. Mais je le suis. Alors je veux garder en tête mon titre, les trois médailles de Londres (...). Je suis fière qu'on (avec Pellerin) ait apporté ça au club de Nice" qui, lui, peut être fier d'avoir produit une telle championne.