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"On existe": Béryl Gastaldello, la nouvelle merveille des Bleues, revendique haut et fort une natation française féminine émergente, malgré l'absence actuelle de porte-drapeau incontournable après Laure Manaudou et la regrettée Camille Muffat .
Laure, la grande soeur de Florent, Camille, récemment décédée dans un accident d'hélicoptère alors qu'elle venait à peine de quitter les bassins, mais aussi Catherine Plewinski et Roxana Maracineanu avant elles: à quatre, elles ont écrit les plus belles pages de la natation française.
Championnes d'exception, elles ont quelque part ouvert la voie mais n'ont pas drainé dans leur sillage un collectif fort. Laure Manaudou , la plus grande nageuse française de tous les temps, n'était par exemple pas réputée pour sa bonne camaraderie au sein des Bleues.
Cette semaine, lors des Championnats de France à Limoges, qualificatifs pour les Mondiaux-2015 cet été, les copines se sont serrées les coudes. D'abord dans un esprit de mémoire, pour honorer leur +grande s?ur+ Camille Muffat , disparue le 9 mars. Et puis pour montrer qu'en France, il n'y a pas que les garçons qui performent. Les filles sont belles et bien là !
"On se connaît toutes très bien, on n'a pas beaucoup de stress dans la chambre d'appel, on s'aime bien, on va s'amuser, explique Béryl Gastaldello. Avant c'était plus sérieux. Et on est contente l'une pour l'autre, c'est comme si on était une grande équipe, parce que c'est quand même l'équipe de France avant tout".
Neuf nageuses ont décroché une place en individuel pour les Championnats du monde, dont une Charlotte Bonnet grandie (20 ans), une Béryl Gastaldello tout feu tout flamme (20 ans), une Marie Wattel impressionnante (17 ans) ou une Lara Grangeon déterminée (23 ans).
- Patience et doigté -
Le collectif féminin prend donc enfin de la hauteur. Il est désormais dirigé par Fabrice Pellerin, mentor de Camille Muffat , Charlotte Bonnet mais aussi Yannick Agnel .
"Tout le monde a envie que les filles réussissent et il n'y a pas de raison qu'elles soient au rabais. Il ne s'agit pas d'arriver avec une grande cape ni de révolutionner les méthodes. Il y a juste à croire qu'on peut faire de belles choses", explique-t-il.
"Les filles se sentent en dessous des garçons, qui ont il est vrai un niveau très fort. Mais quand on compare les talents, on n'a pas forcément à rougir. Il faut passer à une notion de collectif et surtout remettre au goût du jour le possible".
Pour Philippe Lucas , ex-coach de Laure Manaudou , les talents sont là, il faut juste être patient.
"Il y a une petite Bonnet qui progresse bien, elle a 20 ans, elle progresse cette fille. Il y a des filles qui ont de la qualité mais il faut être patient. Il faut construire les choses, ça ne se fait pas comme ça. Il y a des filles, mais il faut leur laisser le temps de mûrir, de progresser, de passer des paliers", commente Lucas.
Il faut du temps et du doigté. Denis Auguin, en charge des équipes de France jeunes, en fait le constat.
"Il y a une spécificité féminine que même moi j'ai du mal à identifier, mais globalement en France on a une grosse difficulté à gérer un plan de carrière. Parce que c'est très récent pour nous. C'est là-dessus qu'on doit progresser", dit-il.
Et de regretter l'absence d'entraîneurs féminins. "Je n'aurais jamais été capable de parler à une fille comme pouvait se permettre de parler Patricia (Quint). Dire à une fille +t'as des grosses fesses+, si c'est Patricia ça peut ne pas plaire mais ça passera. Si c'est moi, ça ne passe pas".
Selon Auguin, "il y a une vraie spécificité féminine. C'est une vraie compétence d'entraîner les filles. On a cet espèce de tempérament latin, de culture latine. On a plus d'égard pour les femmes, comme on peut être plus balourds. En Australie, ils n'ont pas un discours différent entre garçons et filles. Le but c'est l'athlète".