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Une médaille d'or aux jeux Paralympiques en 2012, l'écriture d'un livre et plus récemment son engagement en politique pour les élections municipales à Dijon: à 27 ans, le nageur Charles Rozoy a déjà vécu "plusieurs vies en une".
Sportif valide jusqu'en juillet 2008, aux portes de l'équipe de France de natation, Charles Rozoy est victime d'un accident de moto qui lui coûte l'usage du bras gauche.
"On me l'a annoncé avec beaucoup de tact", ironise le jeune homme blond au bouc taillé. "On m'a dit: +votre vie est finie mais vous n'allez pas chialer, c'est pas comme si vous aviez le sida, vous n'allez pas en crever+".
Quelques mois plus tard, Charles Rozoy reprend le chemin des bassins. D'abord pour sa rééducation puis, dans un "déclic", germe l'idée de reprendre la compétition et de réaliser son rêve d'enfant: devenir champion olympique. Il se reconvertit alors en nageur handisport.
Et décroche l'or sur 100 m papillon aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012. "Une délivrance", selon son préparateur physique et ami Vincent Issartel.
"Charles a réussi à s'accomplir encore plus depuis son accident", observe-t-il, notant aussi son "côté exubérant".
Près de deux ans après sa médaille, "à force d'expliquer (sa) vie et la gestion du handicap", Charles a sorti mi-février une autobiographie intitulée, non sans humour: "Comment j'ai réussi à nager le papillon avec un seul bras sans tourner en rond" (Editions L'Equipe).
A l'aise avec les journalistes et devant la caméra, il en assure actuellement la promotion entre deux entraînements à la piscine olympique de Dijon, où est accrochée au-dessus du bassin une large banderole: "Bravo Charles !"
Il y enchaîne les longueurs "jusqu'à deux fois deux heures par jour". "Mais en ce moment, c'est un peu moins, mon entraîneur est tolérant", reconnaît le nageur, qui vient d'ajouter une nouvelle corde à son arc: la politique.
- En position éligible -
Cinquième sur la liste du sénateur-maire PS sortant de Dijon, François Rebsamen, Charles Rozoy est assuré d'obtenir un siège au conseil municipal, voire un poste d'adjoint en cas de victoire.
"Il est en position éligible, à une place visible, qui montre qu'on peut s'ouvrir à des citoyens qui ne sont pas encartés", fait valoir M. Rebsamen, qui voit dans le champion un "symbole de la jeunesse méritante".
"Mon engagement politique, c'est un engagement social pour ma ville", assure Charles Rozoy, qui ne souhaite "pas forcément être cantonné au sport".
La politique mais aussi la poursuite de ses études en "Communication et médiation", à l'université de Bourgogne, sont également une façon "de ne pas louper le train" de la reconversion.
Son dernier objectif sportif sera les Jeux Paralympiques de 2016, à Rio (Brésil). "Je dors Rio, je mange Rio mais mes activités annexes me permettent de m'épanouir", explique cet hyperactif.
Selon son professeur d'université Jean-Jacques Boutaud, "Charles n'a pas envie de se laisser ghettoïser autour du handicap". "Il a des ambitions plus larges et plus hautes", prédit-il.
Au regard de son parcours, Charles Rozoy dit tenter de "sortir le meilleur du pire" et de se montrer "optimiste sur tout". Mais "si aujourd'hui, on me disait: +rend tes médailles, on te redonne ton bras+, je le reprendrais", confesse-t-il.