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© AFP/CHRISTOPHE SIMON
L'équipe de France célèbre sa victoire contre le Belarus le 12 mai à Paris, lors du CHAMPIONNAT DU MONDE 2017
En France, où l'on n'attrape pas la crosse au sortir du berceau, comme au Canada ou en Russie, le hockey est un sport de combat: la dureté au mal compense les lacunes techniques et autorise toutes les surprises, comme les Bleus le montrent au Mondial à Paris-Bercy.
Mais avec des joueurs comme Stéphane Da Costa, l'artiste du CSKA Moscou, les choses sont en train de changer.
"Dave et moi pensons qu'il faut gagner les duels avant tout. Mais depuis quelques années, nous avons des joueurs capables de garder le palet, de créer des choses offensivement", explique Pierre Pousse , l'adjoint de l'entraîneur d'origine canadienne Dave Henderson.
Ce style rugueux, c'est l'Amérique du Nord qui en fournit le modèle. Et pour cause, les Canadiens installés en France, joueurs et entraîneurs, ont joué un rôle majeur dans le développement du hockey dans l'Hexagone, à commencer par Henderson, à la tête des Bleus depuis 2004.
- "Une équipe de gratteurs" -
"Ce sont des hockeyeurs qui ont beaucoup de c?ur et d'engagement et qui pratiquent un jeu direct et physique", explique Pousse. Tout le contraire de la République tchèque, modèle de jeu de passes parfaitement léché, que les Bleus affronteront dimanche dans un match crucial pour l'accession aux quarts de finale.
"Opportuniste", le joueur français cultive "l'esprit de discipline et de solidarité", dit Henderson. "On est une équipe de travailleurs, de gratteurs. Les buts qu'on a marqués ne sont pas construits en monopolisant le palet pendant deux minutes. Ce sont des buts de guerriers, des rebonds, des déviations, des interceptions. Quand on fait le boulot offensif, c'est comme dans les tranchées", développe-t-il, comparant le Français à un "bouledogue sur un os".
© AFP/FRANCK FIFE
Les joueurs de l'équipe de France se rassemblent avant d'affronter le Canada le 11 mai à Paris, lors du CHAMPIONNAT DU MONDE 2017
C'est grâce à cette "mentalité de chien galeux prêt à se battre pour gagner", selon l'expression de Pierre-Edouard Bellemare , que les Français ont battu la Finlande (5-1) et la Suisse (4-3) à Paris-Bercy. C'est grâce à elle aussi qu'ils se sont taillés une place enviable sur le marché international, compte tenu de la petitesse du réservoir (22.000 licenciés): environ la moitié des Bleus jouent dans les ligues européennes plus relevées (Russie, Suisse...) et pour deux d'entre eux en NHL. "Chacun sait qu'un joueur français, c'est quelqu'un qui va travailler avec le c?ur et fort pour l'équipe", dit Bellemare, joueur des Philadelphie Flyers.
- Da Costa, deuxième pointeur -
Henderson et Pousse n'ont jamais renié le jeu âpre des Français auquel les Bleus "reviennent quand ça va mal", mais ils ont essayé de le rendre moins caricatural. L'époque où la France devait jouer "un hockey rigide et défensif à cause de la difficulté de marquer des buts" est révolue, explique l'entraîneur canadien.
Au retour de la France dans l'élite, en 2008, la stratégie était en gros la suivante: éloigner le palet de la cage bleue par tous les moyens et essayer de se créer des occasions en imposant le défi physique dans le camp adverse.
"Quand on a des joueurs qui ont des mains et le talent qu'on voit aujourd'hui sur la glace, c'est plus facile de proposer autre chose", explique Pierre Pousse .
Le meilleur exemple de cette créativité est Stéphane Da Costa. L'enfant de Damarie-les-Lys, âgé de 27 ans, figure au deuxième rang des meilleurs pointeurs du Mondial avec cinq buts et trois assistances. C'est lui qui a donné la victoire aux Bleus aux tirs au but contre la Suisse et le Bélarus en mystifiant les gardiens adverses en face-à-face.
"C'est notre meilleur joueur. Il est en KHL mais pourrait aussi bien être en NHL. C'est un plaisir de jouer avec quelqu'un comme lui", dit Pierre-Edouard Bellemare , l'un des deux Français de la Ligue nord-américaine avec Antoine Roussel .