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© AFP/FRANCK FIFE
Le Français Pierre-Edouard Bellemare
(en bleu) face à la Finlande lors du Mondial, le 7 mai 2017 à Paris
Connu en NHL comme "tueur de pénalité", Pierre-Edouard Bellemare élargit son registre sous le maillot bleu: buteur et créateur, il a été l'un des hommes-clefs de la victoire époustouflante des Français sur la Finlande (5-1), dimanche au Mondial de hockey.
Avec les Philadelphia Flyers, Bellemare est l'homme qu'on lance sur la glace lorsque, un joueur ayant été envoyé "en prison", l'équipe se retrouve en infériorité numérique, assiégée. Tout est bon alors pour éviter que la pénalité se transforme en but, y compris faire obstacle de son corps.
"Il ne faut pas avoir peur de bloquer les shoots. Si ton coéquipier fait une erreur, c'est à toi de manger le palet. Ca n'a pas besoin d'être beau. Si tu as peur, ce n'est pas possible", dit le joueur de 32 ans.
Sous le lourd harnachement des hockeyeurs, les spectateurs n'en voient pas les conséquences, mais une "rondelle" qui file parfois jusqu'à 150 km/h, ça fait mal. Pourtant, il ne faut rien montrer!
"Quand j'étais en Suède, un Finlandais de mon équipe s'est pris un shoot. Il avait comme une balle de ping-pong au poignet! Il ne pouvait plus tenir sa crosse. Mais à aucun moment on a vu qu'il avait mal. Comme son futur contrat était en train de se décider, il a fini le match", raconte Bellemare, qui a appris son rôle lors de ses neuf saisons en Scandinavie.
Le "tueur de pénalité" n'attend pas la reconnaissance du grand public. "Il faut accepter qu'à la fin du match on ne fera pas ton éloge mais celui du buteur", dit-il. Il sait qu'il aura celle de ses coéquipiers. "Quand tu prends un shoot dans les pieds, puis un dans la jambe, que tu te relèves et que tu en prends un autre, sur le banc, tu ressens la gratitude pour le travail accompli".
- Esprit de sacrifice -
Bien sûr, l'esprit de sacrifice ne suffit pas. Il faut aussi des qualités de patinage, de lecture du jeu et de vitesse d'exécution que tout le monde n'a pas. Mais il permet d'ouvrir des portes car "aucun joueur n'ignore la douleur de prendre un shoot".
C'est comme ça que l'ancien joueur de Rouen a fait son trou depuis trois saisons à Philadelphie, une franchise dans laquelle il a "compris qu'une position était libre" et qu'il pouvait "devenir un des joueurs les plus importants".
Même si la besogne du "tueur de pénalité" est tout aussi nécessaire que celle du buteur, Bellemare apprécie de pouvoir montrer une plus large panoplie en équipe de France. "C'est une bouffée d'air", dit le joueur, qui n'exclut pas de s'en servir pour faire évoluer son rôle dans la Ligue nord-américaine aussi.
Contre les Finlandais, vice-champions du monde en titre que les Français n'avaient encore jamais battus, c'est lui qui a inscrit le premier but, en début de match, en logeant le palet juste sous la barre au milieu d'une forêt de joueurs. Puis c'est au rebond d'un de ses lancers qu' Antoine Roussel a redonné l'avantage aux Bleus dans un deuxième tiers-temps.
Cette période a montré comme un résumé de son talent quand il a contribué à "tuer" une pénalité, qui plus est à 3 contre 5. Un moment "plus crucial que le but" selon lui. "Mettre un but, ça ne donne pas spécialement des jambes aux autres, mais quand un joueur comme Jordann (Perret) se balance alors qu'il n'a plus de crosse et prend un shoot dans le genou, ça donne de l'énergie à tout le monde", dit Bellemare, citant le travail d'un de ses coéquipiers plutôt que le sien.
Car il est comme ça. Lorsque le trophée de "meilleur joueur du match" lui a été décerné, il est allé immédiatement le donner à son gardien Florian Hardy, le vrai héros de l'après-midi selon lui.