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Pas de patinoire, pas de fédération et une équipe éparpillée à travers le monde: pays de soleil et de plages, la Tunisie n'a pas vraiment le profil pour devenir une nation de hockey sur glace, mais une association y croit dur comme fer.
"Notre objectif final, notre ambition, est que la Tunisie devienne une nation connue et reconnue du hockey (...) et (puisse) envoyer une équipe tous les ans aux Championnats du monde", affirme avec assurance Ihab Ayed, le président de l'Association tunisienne de hockey sur glace (ATHG).
Il veut faire de son association une "fédération reconnue en Tunisie" et un "membre affilié de la fédération internationale de hockey sur glace".
La passion de ce Franco-Tunisien de 36 ans peut sembler incongrue, façon "Rasta Rockett", fameux film hollywoodien des années 90.
"Bien sûr que ça m'a inspiré!", sourit-il. "Dans le film, la Jamaïque envoie une équipe de bobsleigh aux JO d'hiver, moi je rêve que la Tunisie envoie une équipe de hockey!"
C'est même carrément un "rêve d'enfant", né depuis qu'il a commencé à jouer au hockey, à l'âge de cinq ans. Pour le réaliser, Ihab Ayed a donc lâché son emploi de cadre dans la finance à la Défense, le quartier des affaires près de Paris, pour trouver des amateurs tunisiens de hockey sur glace à travers le monde.
"Ça m'a pris six ans, de 2006 à 2012, pour rassembler 40 joueurs dans le monde entier. Les joueurs sont tous tunisiens de père ou de mère, il n'y a personne de naturalisé", tient-il à préciser.
- 'Belle aventure' -
L'équipe joue son premier match en 2014 à Courbevoie, en banlieue parisienne. Elle s'incline, mais la dynamique est lancée.
Le 30 juillet, elle remporte son premier tournoi à Rabat. Cette "coupe d'Afrique" à laquelle ont participé des clubs d'Egypte, du Maroc et d'Algérie a beau ne pas être officiellement reconnue, elle leur vaut une large couverture médiatique en Tunisie et attire forcément l'attention des autorités sur les "Aigles de Carthage".
"C'était une très belle aventure et j'espère que c'est le début d'une grande histoire", dit l'un des joueurs, le Franco-Tunisien Mehdi Belhassen.
Ce n'était pourtant pas évident: les membres de l'équipe vivent dans plusieurs pays -de la France au Canada en passant par la Belgique, la Finlande et la Suède- et il leur est impossible de s'entraîner ensemble.
"Chacun s'entraîne dans son club", regrette Ihab Ayed. Pour le tournoi au Maroc, "on a fait un petit échauffement pour voir comment était la patinoire lundi matin, et lundi soir on a joué".
Mais il peut aussi compter sur les réseaux sociaux. Pour Rabat, c'est par un message groupé sur Facebook qu'il a rallié ses troupes.
Et financièrement? "Tous les joueurs paient leur billet d'avion et après, moi, via les sponsors, je paie l'hébergement, le jeu de maillot", explique Ihab Ayed.
Pour plusieurs joueurs, rejoindre l'équipe a été l'occasion de renouer avec leurs racines tunisiennes.
"J'ai pu raviver la flamme tunisienne qui brûlait dans mon coeur. C'est une grande fierté aujourd'hui de dire que je suis Tunisien", reconnaît Nathan Benmessaoud, âgé de 26 ans.
- Prochain défi: une patinoire -
Aujourd'hui, la première étape est d'enregistrer l'association, qui est pour l'instant française, sous droit tunisien.
Conscient du beau coup de pub pour le pays, le ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports se dit emballé.
"Nous n'allons pas perdre de temps avec les procédures", assure à l'AFP Sarhan Nasri, un conseiller du ministre. Une fois enregistré en Tunisie, le club "aura les droits et les pouvoirs d'une fédération. Ce n'est pas un sport simple en Tunisie, ce n'est pas dans notre culture", d'où la nécessité de l'appuyer, assure-t-il.
Il restera encore à lui fournir une infrastructure adaptée.
"Notre objectif ensuite, bien évidemment, est la construction d'une patinoire olympique. Ce sport ne peut pas exister en Tunisie si nous n'avons pas de patinoire (...) aux dimensions officielles", insiste Ihab Ayed.
Le ministère des Sports assure que c'est tout à fait envisageable. Il faudra malgré tout aller vite: un nouveau chef de gouvernement a récemment été désigné en Tunisie, et un nouveau cabinet doit bientôt voir le jour.