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© AFP/FRANCK FIFE
Le Français Antoine Roussel
(c) face à la Suisse lors du Mondial, le 9 mai 2017 à Paris
Son accent est plus québécois que ch'ti, mais le hockeyeur Antoine Roussel , natif de Roubaix, n'a jamais douté des couleurs qu'ils porteraient: celles de la France, où il a passé son enfance avant de s'installer au Canada, le pays qu'il affronte jeudi au Mondial à Paris-Bercy.
"J'ai grandi ici. Ce n'est pas comme si j'étais parti quand j'avais cinq ans. A ce jour j'ai passé plus de 50% de ma vie en France et je suis plus que fier de représenter les Bleus. Les racines, c'est dur de les enlever", explique à l'AFP le joueur de 27 ans.
L'attaquant des Dallas Stars est l'un des deux Français, avec Pierre-Edouard Bellemare (Philadelphie Flyers), à jouer dans la grande ligue nord-américaine. Pourtant, dans ses jeunes années de hockeyeur, du côté de Nantes et de Rouen, où il a vécu au fil des pérégrinations familiales, il "ne rêvait pas forcément de la NHL". "Je jugeais que ce n'était pas atteignable. Mon but ultime, c'était de porter le maillot de l'équipe de France", se souvient-il.
- Au Québec à 15 ans
Quand il avait quinze ans, ses parents ont décidé de traverser l'Atlantique. Décision sans rapport avec le hockey - ils voulaient se reconvertir en montant un "bed and breakfast" au Mont-Tremblant - mais qui fut pour l'avenir sportif du jeune Antoine une aubaine, et aussi un redoutable défi.
Car au Canada, le niveau moyen du hockey est à "des années-lumières" de celui de l'Hexagone, et la façon de former les joueurs, très individualiste, aussi. "Il y a des camps de sélection. A chaque fois, certains sont coupés et doivent aller voir ailleurs", explique-t-il.
A la force du poignet, Roussel a fini par faire son trou dans les catégories de jeunes, puis en ligue professionnelle mineure, et enfin dans la prestigieuse NHL depuis 2013. Toujours grâce à deux atouts bien distincts: le sens du but et celui de la lutte.
Sur YouTube, on trouve ainsi de belles actions offensives (il a marqué 27 points cette saison, 12 buts et 15 assistances, tout en manquant le dernier mois à cause d'une blessure à la main), et aussi quelques-uns de ces étonnants combats singuliers à mains nues, éléments à part entière du rituel de la NHL, qui se déroulent sous le contrôle distant des arbitres.
"C'est la façon que j'ai trouvée d'avoir du succès et d'être différent. Ca me permet d'avoir une valeur ajoutée et de me distinguer par rapport à d'autres", dit Roussel en parlant des deux facettes de sa personnalité sportive.
- 'Savoir s'ajuster'
Au Mondial, on ne le verra pas lâcher les gants et la crosse pour s'expliquer à la dure avec un rival, car la Fédération internationale interdit ces empoignades viriles. Elles ne manqueront d'ailleurs pas à Roussel, qu'on ne saurait confondre avec un "goon" (homme de main) ou "policier", ces joueurs de NHL qui n'entrent sur la glace pratiquement que pour se battre.
"Il faut savoir s'ajuster. C'est valorisant de venir en équipe de France pour développer d'autres aspects de mon jeu", explique-t-il.
De fait, en trois matches à Paris-Bercy, il a déjà montré le côté pile en marquant deux buts contre la Finlande (5-1). Et le côté face en écopant de 16 minutes de pénalité, soit le quatrième total du Mondial toutes équipes confondues.
Jeudi, il faudra les deux pour inquiéter les Canadiens dans un match que Roussel ne considère pas comme perdu d'avance. "On ne peut pas prétendre les battre dans une série en sept matches, mais un soir donné on l'a déjà fait (au Mondial-2014) et on peut le refaire", assure-t-il.