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© AFP/PASCAL GUYOT
Nikola Karabatic
et son frère Luka Karabatic
à leur arrivée le 24 novembre 2016 au palais de justice de Montpellier
La superstar française du handball Nikola Karabatic a donné jeudi après-midi une leçon de hand devant la cour d'appel de Montpellier, réfutant tout trucage du match Cesson-Montpellier de 2012, et son implication.
Lors du visionnage par la cour jeudi après-midi du match du 12 mai 2012, perdu par Montpellier, le champion a déplié à plusieurs reprises sa haute stature aux côtés des deux experts désignés par la justice. Cette rencontre Cesson-Montpellier est au c?ur du procès qui vaut à 16 personnes, dont Nikola Karabatic et son frère Luka, de comparaître en appel pour des paris passés autour de ce match présumé truqué. La justice soupçonne les joueurs montpelliérains d'avoir volontairement fait en sorte de le perdre.
Nordine Lazaar, ex-arbitre international de handball et Johann Rage, professeur agrégé en EPS, qui ont pointé dans leur rapport des "indicateurs anormaux" dans le match en question, ont eu bien du mal à exister face à celui qui a été sacré par deux fois meilleur joueur du monde. "Je ne suis pas spécialiste", s'excuse presque M. Rage. "Je n'ai pas voulu contrarier M. Karabatic...".
Nikola Karabatic réfute l'idée que le gardien de Montpellier ait pu vouloir gagner du temps: "Du côté de Cesson, un mur permet au gardien de récupérer rapidement le ballon", contrairement à un "filet placé loin derrière le but" du côté montpelliérain. De même, "ce ne sont jamais les joueurs qui décident de la tactique, des changements de rythme ou configuration de joueurs, c'est l'entraîneur, ce sont des données qui ne peuvent pas être imputées à l'équipe", pointe celui qui compte plus de 250 sélections et 1.000 buts en équipe de France.
Il remet également en cause la pertinence des statistiques dans son sport, soulignant notamment que le nombre de buts marqués ne pouvaient être la seule indication de la rapidité de jeu: "Des engagements rapides n'aboutissent pas nécessairement à la réalisation d'un but".
- "Très énervé" -
Le joueur de 32 ans rappelle aussi que c'est une "équipe bis" qui joue ce jour-là pour Montpellier --lui-même n'avait d'ailleurs pas pris part au match. Le club venait d'être sacré champion de France, plusieurs joueurs avaient "fait la fête plusieurs jours d'affilée, il y avait un relâchement, il n'y avait plus aucun enjeu contre Cesson (qui luttait pour éviter la relégation, ndlr), il y avait énormément de joueurs blessés et les jeux Olympiques approchaient très vite", énumère-t-il. "S'il y avait un match qui pouvait être susceptible de voir Montpellier mené à la mi-temps, c'était celui-là".
Or, c'est précisément ce qu'avaient parié de nombreux joueurs et certains de leurs proches, pour des sommes atteignant au total plus de 100.000 euros. "Je suis étranger à tous ces paris", avait affirmé jeudi matin Nikola Karabatic , pressé de questions par le représentant du ministère public Bertrand Boulenne. "Si je résume votre position, vous êtes victime dans cette affaire?", avait ironisé M. Boulenne.
© AFP/PASCAL GUYOT
Géraldine Pillet et Jennifer Priez, compagnes des frères Karabatic, à la sortie du tribunal le 23 novembre 2016 à Montpellier
L'icône du hand, condamné en première instance à 10.000 euros d'amende pour escroquerie, assure avoir "appris" que sa compagne Géraldine Pillet avait misé 1.500 euros contre son équipe de Montpellier "dans la journée" du 12 mai 2012 ou le lendemain: "J'étais très énervé et contrarié, je ne parie pas sur mon sport ou sur le sport en général".
Nikola Karabatic a aussi tenté de donner des explications aux éléments pouvant l'incriminer. Le retrait de 1.500 euros effectué le 9 mai 2012, trois jours avant que sa compagne n'effectue précisément cette mise? Il devait servir à payer des vacances prises avec Mme Pillet début juin à Ibiza, a-t-il dit. "Nous sommes quand même à une certaine distance de ce voyage", tacle le président.
C'est, selon Nikola Karabatic , également sa compagne qui a téléchargé sur le portable du champion l'application "Parions sport" et l'a consultée à plusieurs reprises sans qu'il ne s'en aperçoive. Quant à son frère Luka, il a reconnu des paris qu'il a décrits à la barre comme une "bêtise d'un jeune joueur".
En première instance, les prévenus avaient été condamnés à des peines allant de 1.500 à 30.000 euros d'amende.