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Souvent placées mais jamais sacrées depuis le titre de 2003, les handballeuses françaises abordent samedi le Mondial au Danemark avec la conviction qu'"elles peuvent battre tout le monde".
"Si elles sont dans un bon jour, si on joue juste tactiquement, si elles ne perdent pas leurs moyens à cause de l'enjeu et si on a gardé suffisamment de fraîcheur", s'empresse d'ajouter le sélectionneur Alain Portes , qui veut à tout prix éviter de plastronner.
Le potentiel est là depuis longtemps, mais les Bleues ont souvent craqué au moment où on les croyait prêtes à tout renverser, comme à l'Euro-2014, où elles avaient échoué à la cinquième place après un excellent départ. D'où un soupçon de fragilité mentale.
Bien plus que dans le handball masculin, les candidats se bousculent sur le chemin du podium. Le sélectionneur compte pas moins d'une quinzaine de candidats, dont trois dans le groupe des Françaises, l'Allemagne, premier adversaire samedi à Kolding, le Brésil, tenant du titre, et la Corée du Sud.
Ce beau plateau ne devrait pas empêcher les Bleues, "sauf cataclysme", de se qualifier car l'Argentine et le Congo sont nettement en-dessous. Mais, dès les huitièmes, l'obstacle sera forcément difficile à enjamber, vu la densité du groupe d'en face où figurent la Norvège, grande nation multititrée, l'Espagne, vice-championne d'Europe, la Russie et la Roumanie.
-'Plus endurantes et plus puissantes'-
Pour franchir un palier, plutôt que de chercher à agir sur les têtes, le sélectionneur Alain Portes , en poste depuis deux ans, a porté son action sur le jeu. "On me dit souvent que mentalement elles ne sont pas à la hauteur, mais si elles sont bien physiquement, tactiquement au point et techniquement bien en place, le mental va suivre", estime-t-il.
L'ancien entraîneur de la Tunisie s'est donné deux chantiers prioritaires: le physique, qu'il a demandé aux joueuses de travailler tout au long de la saison dans le but d'être "plus endurantes et plus puissantes", et l'efficacité offensive. Toujours forte en défense, l'équipe de France a souvent péché par maladresse. "A l'Euro, on a été la plus mauvaise équipe dans les tirs de près. On a donc beaucoup travaillé ce qu'on appelle +les immanquables+", a dit Portes, qui a retenu de jeunes joueuses réputées pour leur précision, comme Marie Prouvensier (21 ans), Chloé Bulleux (24 ans) et Manon Houette (24 ans).
On mise aussi sur la richesse des combinaisons qui font du jeu d'attaque français "le plus varié du monde", selon les confrères étrangers d' Alain Portes . "J'aime bien surprendre, mais il vaut mieux surprendre l'adversaire que soi-même", nuance dans un sourire l'entraîneur, conscient d'avoir peut-être demandé trop de choses à ses joueuses lors des compétitions précédentes.
- Un billet pour Rio en jeu -
Pour le sélectionneur, il s'agira aussi de "ne pas se tromper d'objectif". Inutile de griller toute son énergie pour finir en tête de son groupe si c'est pour perdre dès le premier match-couperet comme aux JO-2012. On peut donc s'attendre à de nombreuses rotations durant la première semaine, un choix naturel pour un entraîneur qui fonde tout sur le collectif, par conviction autant que par nécessité.
Si elle compte une poignée de joueuses "de niveau mondial", comme la gardienne Amandine Leynaud , l'arrière Alexandra Lacrabère, l'ailière Siraba Dembélé ou la demi-centre Allison Pineau , la France n'a pas de star capable à elle seule de faire basculer un match. "Pas de Bulatovic comme au Monténégro ou de Neagu comme en Roumanie", dit le sélectionneur.
Au-delà du Mondial, les Bleues pensent bien sûr aux jeux Olympiques, "l'objectif essentiel". Le Mondial n'offre qu'un billet pour Rio, au vainqueur. A défaut, la France devra passer par un tournoi de qualification olympique en mars 2016 auquel elle est déjà presque assurée de participer, sauf concours de circonstances défavorables. Un bon parcours au Danemark lui offrirait toutefois un plateau moins relevé.