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© AFP/Javier Soriano
Le sélectionneur de l'équipe de France de handball, Claude Onesta
, le 12 août 2012 à Londres
Le sélectionneur de l'équipe de France de handball, Claude Onesta , déplore, mardi dans un entretien à l'AFP, l'ampleur prise par l'affaire du match présumé truqué dont il attend de connaître l'issue avant de prendre les mesures qui s'imposent.
Q. Pourquoi décider de parler maintenant?
R: "J'attendais d'avoir des éléments plus précis. A partir du moment où le procureur a parlé, on y voit un peu plus clair dans ce qui est reproché aux joueurs. La deuxième chose c'est l'amalgame insupportable qui est fait depuis trois jours entre cette affaire et le monde du handball. C'était mon devoir de rentrer dans le débat et de faire en sorte qu'il ne débouche pas sur des raccourcis qui font du handball quelque chose d'impropre."
Q: De par votre position, votre parole était très attendue...
R: "Ma position impose justement de prendre un peu plus la mesure des choses et de ne pas faire comme d'autres qui ont réagi à l'emporte-pièce. D'ici quelque temps on aura à se retrouver, à recommencer à travailler ensemble. Certains ont voulu surfer sur l'opportunité pour salir tout et accuser tout le monde. Ils devront assumer cette posture. Sachant que ça va forcément laisser des traces."
Q: Au-delà de cette affaire, vous avez gardé le silence depuis les JO et l'affaire du plateau de la chaîne L'Equipe TV démonté après le titre olympique?
R: "Ce qui s'est passé à la fin des Jeux est une affaire dont je ne parlerai plus parce que je considère qu'elle a a été traitée avec les gens concernés. Dorénavant je participerai moins à ces débats. Je parlerai dans le cadre des missions qui m'ont été confiées et j'arrêterai de parler de tout ce qui passe ou ne se passe pas."
Q: Quelle réaction vous inspire l'affaire de Montpellier ?
R: "Les joueurs ne se sont pas exprimés, les avocats commencent juste à identifier l'accusation. Pour l'instant ça n'a pas beaucoup évolué. En attendant cela a déjà provoqué un déferlement de médias et de police. C'est du reality show. Ca dépasse l'entendement. Après, pour moi, il y a deux affaires: celles des paris et celle, potentielle, d'un match truqué. Il commence à se dire que les joueurs ont parié. Si c'est avéré, ce sera effectivement sanctionnable."
Q: La Fédération parle de sanctions exemplaires. C'est quoi une sanction exemplaire ?
R: "Il faut qu'elle soit suffisamment conséquente pour que chacun prenne bien la mesure des dangers et des conséquences. Une sanction sert aussi à inciter les jeunes, qui pourraient être tentés de faire pareil, de faire marche arrière. Ca me rappelle l'histoire du cannabis lors des contrôles antidopage il y a vingt ans. A l'époque ça faisait d'abord sourire beaucoup de monde. Il a fallu que certains soient sanctionnés pour que chacun comprenne la nature de ce risque. Le jour où j'ai compris que les paris sportifs allaient arriver, j'ai compris que les emmerdes allaient venir en parallèle."
Q: Vous ne pensez pas que le match ait pu être truqué ?
R: "Il appartient à la justice de le prouver. Sur le coup, cette défaite montpelliéraine ne m'avait pas paru surréaliste. S'il est prouvé qu'il y avait une volonté absolue de perdre ce match, ce serait évidemment très grave. Pour l'instant je vois surtout le côté un peu ridicule de cette affaire. Je vois des gens qui ont flairé la bonne opportunité de faire un coup, entre copains, sans prendre le temps une seconde de réfléchir à ce que ça pourrait déclencher. Ca ressemble à l'oeuvre d'une bande d'amateurs qui se sont fait prendre avec le doigt dans le pot de confiture."
Q: Pour l'image du handball, le coup est terrible ?
R: "Il n'y a aucune raison que le handball soit sali par une affaire qui est importante mais reste marginale. On saura dépasser ce moment. Notre sport se porte bien et on va continuer à montrer une bonne image. C'est aussi une conséquence de notre médiatisation. Depuis qu'on gagne, je n'ai cessé de dire que cette lumière pourrait attirer des contraintes et nous desservir à terme. On n'est pas à l'abri qu'il y ait des dérapages. Mais n'oublions pas tout ce qui se passe bien. Quand on m'arrête dans la rue c'est pour me dire merci pour les émotions qu'on procure plutôt que de me dire qu'on est tous des salauds."
PROPOS recueillis par Jacques KLOPP