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Le Qatar participera vendredi aux demi-finales de "son" Mondial de hand et espère que cet exploit, venu du terrain, lui apportera une crédibilité supplémentaire dans ses efforts pour être reconnu comme un acteur majeur du sport mondial.
"L'émir est venu nous voir après la qualification. Il nous a dit qu'il était fier de nous et que tout le pays était derrière nous", explique le Français Bertrand Roiné, membre de cette équipe composée presque exclusivement de joueurs étrangers.
Cette fierté qatarie résonne bien au-delà du monde du handball: immensément riche et ambitieux, le petit émirat pétrolier du Golfe, détenteur des troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, rêve de faire de Doha la "capitale mondiale du sport".
Le Qatar a multiplié ces dernières années des candidatures à l'organisation de compétitions internationales. Il a déjà accueilli le Championnat du Monde de natation (petit bassin) avant le Mondial de hand.
Suivront la Coupe du Monde de cyclisme en 2016, les Mondiaux d'athlétisme en 2019, et enfin la Coupe du Monde de football en 2022, qui lui vaut des accusations de corruption et d'exploitation des ouvriers sur les chantiers de construction du Mondial. L'apothéose sera, peut-être un jour, l'organisation des jeux Olympiques, qui viendrait couronner un volontarisme politique remontant aux années 1990.
- 'Une équipe achetée?' -
Le Qatar peut se vanter d'avoir réussi l'organisation de ce Mondial de hand. Certes les salles ont parfois été vides, mais pas forcément plus que dans des pays européen quand la nation organisatrice ne joue pas.
Certes les spectateurs ont pu se plaindre de ne pas toujours recevoir les informations dont ils avaient besoin, et certes le réseau routier est très vite saturé. Mais globalement, le Qatar n'a pas failli.
Au-delà de cet activisme en coulisses, la bonne surprise est venue du terrain: la présence de son équipe en demi-finale. Il n'est que le troisième pays non-européen, après la Tunisie (4e en 2005) et l?Égypte (4e en 2001), à atteindre les demi-finales d'un Mondial.
Mais cette performance doit s'analyser dans le contexte particulier d'un sport, le handball, qui autorise un pays à aligner tout joueur n'ayant plus évolué dans une sélection nationale depuis trois ans et détenant le passeport du pays.
Le Qatar (2,2 millions d'habitants, dont 1,6 million d'étrangers) a saisi l'opportunité pour réunir une équipe composée à 80 % de joueurs qui ne sont pas nés sur son territoire. Il a attiré de bons joueurs européens, dont Roiné, champion du monde en 2011 avec la France, et deux vrais stars : les gardiens bosnien Danijel Saric et monténégrin Goran Stojanovic .
Cette stratégie a évidemment provoqué des grincements de dents dans le monde du handball et le Qatar a été accusé d'avoir acheté une équipe.
Une critique récusée par Roiné. "Non, car on n'a pas été payé pour venir", assure-t-il. "Quand je vois dans la presse qu'on a été payé des millions pour venir, c'est faux. Moi, pour ma part, j'ai touché zéro. C'était plus une opportunité sportive que financière".
"On aura une prime de résultat, mais laquelle ? Franchement, je ne sais pas du tout", affirme-t-il. "On n'en a pas parlé. Ca va être à leur bon vouloir."
- 'Premier test' -
Pour le sélectionneur du Qatar, l'Espagnol Valero Rivera , largement considéré comme le meilleur entraîneur au monde, ce résultat est d'abord l'effet du soutien sans faille du gouvernement qatari.
"Ce pays mérite cela (la demi-finale), parce que le gouvernement aide le sport de manière incroyable", dit-il. "Je ne parle pas seulement des vingt mois que j'ai passés ici, mais aussi des six, sept ou huit ans auparavant."
Le problème pour le Qatar est maintenant de pouvoir bâtir sur cette première expérience dans la perspective des grandes échéances à venir.
"Une seule grande compétition n'y suffit pas", estime Simon Chadwick, expert en marketing sportif à l'université de Coventry. "Le Mondial de handball a été une introduction à l'organisation d'événements de taille mondiale. Dans la phase suivante, il y a encore beaucoup de tests à passer".