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"Je ne lui ai pas parlé de mes intentions" de parier: Géraldine Pillet, la compagne de Nikola Karabatic , a tenté mardi de dédouaner la star du handball français, au deuxième jour du procès des auteurs de paris suspects sur un match présumé truqué en 2012.
"Je ne lui ai pas parlé de mes intentions (de parier) (...) Il se serait fermement opposé, parce que, lui, a une éthique", a-t-elle déclaré à la barre, ajoutant qu'"il était inenvisageable de lui en parler".
Nikola Karabatic a toujours nié avoir eu connaissance des paris suspects pris sur le score à la mi-temps du match du 12 mai 2012, entre Cesson, alors menacé de relégation, et le déjà champion de France de D1, Montpellier.
Au moment où la Française des Jeux avait arrêté les paris, 102.300 euros (sur 104.887) avaient été misés sur le fait que les Bretons mèneraient à la pause (cote 2,9/1). Un pari gagnant.
"Je l'ai fait pour l'appât du gain", poursuit Géraldine Pillet, devant le tribunal correctionnel de Montpellier, qui doit juger pendant deux semaines seize prévenus dont les frères Nikola et Luka Karabatic .
Grande et mince, la jeune femme aux longs cheveux bruns détachés, vêtue d'une chemisier blanc sur un jean sombre, raconte avoir été informée par la compagne de Luka Karabatic , Jennifer Priez, de leur intention de parier "vers 10H00, une heure qui me convenait bien".
Employée d'un grand hôtel parisien à 900 euros mensuel, Mme Pillet a joué 1.500 euros. Elle répond parfois avec désinvolture, alternant sourires et visage frondeur, sous les yeux de son compagnon, impassible, le regard sombre quand elle est mise en cause. L'audition de Nikola Karabatic est prévue mercredi.
"Sortez-les mains de vos poches", lui ordonne le président Paul Baudoin.
"Pourquoi avoir encaissé l'argent?" l'interroge le procureur Patrick Desjardins, soulignant qu'elle "met en danger la carrière d?une super star du sport français".
"J'allais pas laisser filer. C'était mon argent. Nikola ne subvient pas à mes besoins. (...). Je ne suis pas avec lui pour l'argent", se justifie-t-elle.
Quant à l'application Parions sport téléchargée sur le smartphone de Nikola, elle confirme l'avoir installée car c'est le premier téléphone qui lui est tombé "sous la main". Pas un mot en revanche sur les nombreux appels qu'elle a passés: "Je ne peux plus vous dire pourquoi j?ai passé tous ces coups de fil."
- 'L'impression d'être un bandit' -
Auparavant, Jennifer Priez a été entendue. Elle et Luka Karabatic ont toujours admis avoir parié, elle 4.500 euros pour le compte de son compagnon, lui 3.900 euros directement.
"Ces motivations étaient celles d'un parieur qui avait envie de tenter un coup de poker", explique la jeune femme, cheveux attachés et portant des lunettes à monture épaisse, chemisier blanc sur pantalon déchiré aux genoux.
Mme Priez a perdu son poste de présentatrice sur NRJ12 à la suite de cette affaire.
Questionnée sur les raisons qui ont pu pousser son compagnon à lui demander de jouer ou sur l'heure des paris, elle se défend avec verve. "Je vous réponds si j'ai des réponses, sinon je ne vous réponds pas!" rétorque-t-elle au procureur.
"Il se doutait que ce n'était pas une chose à faire vis-à-vis de son équipe, du moins d'un point de vue moral", reconnaît-elle.
Depuis la loi du 1er février 2012, les joueurs ont l'interdiction, selon les règles établies par chaque fédération sportive, de parier sur leur propre sport. Une obligation "contractuelle mais pas pénale", souligne l'avocat de Mme Priez, Me Mickaël Corbier.
Au moment du pari, Mme Priez envoie un SMS à Luka Karabatic : "l'impression d'être un bandit", écrit-elle. Pourquoi l'interroge la cour? "A quel moment j'ai dit ça? Je ne me rappelle plus..." répond-elle.
Le gardien slovène Primoz Prost (Gottingen/GER) qui a joué la 2e période du match, a expliqué ses 3.000 euros de mises par son désir de se "payer des vacances" dans son pays.
Le joueur qui a présenté ses excuses à ses coéquipiers a ensuite avoué, qu'il "aurai(t) préféré perdre ces 3.000 euros au lieu de perdre la confiance de (son) entraîneur et de (son) club".