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© AFP/Franck Fife
Un ballon de hand au fond du but
Promu l'été dernier en D1 de handball, le club béarnais de Billère risque de devenir la première équipe française, tous sports collectifs d'élite confondus, à ne compter que des défaites au terme d'une saison impitoyable tant sportivement que psychologiquement.
Dix-huit matches, dix-huit défaites avec un écart moyen de neuf buts, et toujours zéro point au compteur: à huit journées de la fin du championnat, Billère, qui se déplace vendredi à Cesson, est mal parti... ou tout du moins bien parti pour rentrer dans l'histoire.
Au club, situé dans l'agglomération de Pau, on s'est fait une raison et le président Christian Laffitte, fier l'été dernier de faire passer son budget de 700.000 à 1,4 million d'euros, admet que "le recrutement a été insuffisant".
"Il y avait trop d'incertitudes, je n'ai pas voulu engager les finances du club sur des hypothèses. Aujourd'hui, mais c'est trop tard, je sais qu'on aurait pu aller chercher un joueur majeur supplémentaire", juge-t-il.
Le premier match de la saison contre un Montpellier au complet et pas encore déstabilisé par l'affaire des paris suspects, joué devant les caméras de télévision dans un Palais des Sports de Pau rempli (6.500 spectateurs), avait pourtant donné une idée de ce qui pourrait l'attendre, avec un premier record, celui du plus grand nombre de buts concédés (50-24) dans l'histoire de la Ligue.
"Une série effroyable"
L'échec a laissé des traces et les défaites se sont enchaînées. "C'est une série effroyable, reconnaît Arnaud Villedieu, inamovible entraîneur depuis 14 ans. J'avais sous-estimé l'importance que peut avoir la perte de confiance chez un sportif de haut niveau. Désormais, au moindre grain de sable, on plonge !"
"J'ai pourtant tout essayé. L'accompagnement psychologique, l'affrontement, la confiance, l'électrochoc par l'analyse vidéo individuelle et collective, la libération de la parole. Mais irrémédiablement, la perte de confiance revient à la première difficulté rencontrée en match", poursuit le coach d'une équipe touchée-coulée à tous les coups, avec un seul semblant d'espoir lors de la troisième journée contre Créteil (24-26).
La quête des premiers points a beau être une obsession, elle semble devenue un mirage. D'autant que les adversaires du BHB, pour ne pas devenir l'équipe qui aura perdu contre Billère, "mettent systématiquement leur sept majeur pour nous calmer et ne font preuve d'aucun dilettantisme", constate Villedieu.
Du coup, en un quart d'heure, voire moins, les matches sont pliés. "On ne peut pas accepter d'être à chaque match de la chair à canon, dit Villedieu. On se doit d'afficher jusqu'au bout les qualités incontournables du haut niveau: l'investissement sans limite, le don de soi, l'abnégation."
En coulisses, le président Laffitte, lui, regarde vers la saison prochaine, affirmant qu'en "aucun cas le club n'est en danger". "Nous préparons une équipe paradoxalement plus forte que cette année en D1", prévoit-il. Mais avec qui ? Difficile à dire tant l'ambiance générale est pesante.