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© AFP/Josep Lago
Tir de l'ailier de l'équipe de France Samuel Honrubia
face à l'Argentine, au Mondial de handball, le 16 janvier 2013 à Granollers.
Métamorphosé depuis les JO de Londres cet été, Samuel Honrubia forme aujourd'hui avec Michaël Guigou un duo redoutable, qui fait de l'aile gauche le principal point fort de l'équipe de France au Mondial messieurs de handball en Espagne.
Pendant longtemps, Honrubia (26 ans, 48 sélections) est resté dans la pénombre. Difficile d'exister aux côtés de Guigou (30 ans, 175 sélections), joueur au talent protéiforme et titulaire indiscuté du poste depuis 2008.
Mis en balance avec Arnaud Bingo avant les Jeux, c'est finalement lui qui a été désigné pour accompagner Guigou à Londres. Un tournoi olympique réussi, un départ de Montpellier pour Paris et la machine Honrubia s'est emballée. Son implication dans l'affaire des paris douteux ne l'a même pas ralenti.
Au Mondial, le nouveau Parisien est le meilleur buteur français avec 28 buts, à 88% de réussite. Guigou, avec lequel il partage le temps de jeu à part égale, suit juste derrière (24 buts à 71%). Avec 13 buts inscrits à eux deux dimanche en 8e de finale contre l'Islande, ils ont marqué le match de leur empreinte.
"On a une qualité sur les ailes qu'on n'a pas eue depuis longtemps, observe Claude Onesta , le sélectionneur. Ce que réalisent nos deux ailiers gauche conjointement est au-dessus de ce qu'on était en droit d'espérer au regard des compétitions précédentes".
Formé comme Guigou à l'école montpelliéraine, Honrubia mise d'abord sur l'efficacité, quand son compère, plus artiste, a aussi le goût du beau geste. Il s'inspire d'un illustre ancien du club héraultais, le gaucher Grégory Anquetil.
"Greg a été un peu le précurseur de ce genre de jeu et je suis un de ses enfants, raconte-t-il. C'est lui qui m'a donné envie de jouer au hand. Par la suite, j'ai eu le bonheur et la chance de jouer à ses côtés. Et maintenant c'est mon ami. C'est un peu surréaliste. Il a été mon modèle et le restera toujours".
Pour donner la pleine mesure de son talent, il a dû se résoudre cet été à quitter Montpellier. Un déchirement. A Paris, dans un club aux ambitions immenses, il a immédiatement réussi à s'exprimer. Pour franchir définitivement un palier.
"Depuis les Jeux, insiste-t-il. C'est le changement de vie, de club, et de statut qui a forcé cette transformation. Si j'étais resté à Montpellier, je serais resté dans mon cocon, je ne me serais pas mis en danger et je n'aurais peut-être pas progressé comme ça".
Sa progression aurait pu être ralentie par les répercussions de "l'affaire", qui lui a valu d'être mis en examen. Mais, signe d'une force mentale nouvelle, il a fait front sur le terrain. Il avoue se nourrir de cette expérience, en puiser de la force: "Oui, il y a quelque chose à l'intérieur. C'est peut-être même inconscient. Quand on voit la saison que je fais, c'est une belle revanche. Je ne suis pas possédé sur le terrain, mais j'ai envie de vivre autre chose après tout ce qui s'est passé".
Il reconnaît avoir été "surpris par le déferlement médiatique", mais n'a jamais envisagé de renoncer au handball, "parce que c'est (sa) vie". "Ca a été bien de pouvoir continuer à jouer. Ca a été un exutoire", remarque-t-il.
Onesta n'a jamais cessé de lui exprimer son soutien: "Claude m'a toujours soutenu. C'était une grosse marque de confiance. C'est un plaisir de pouvoir la rendre".
L'équipe de France espère qu'il continuera pendant longtemps encore à s'acquitter de sa dette.