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© AFP/LOIC VENANCE
Thierry Omeyer
, avec les Experts, savoure la victoire sur le Japon, lors du Mondial de hand, le 13 janvier 2017 à Nantes
Tout a une fin, même pour Thierry Omeyer . A 40 ans, l'inusable gardien de l'équipe de France, sans doute le meilleur de tous les temps à son poste, a annoncé mardi qu'il mettrait un terme à sa carrière internationale en fin de saison.
Les Bleus perdent l'un de leurs piliers depuis plus de dix ans et surtout le joueur le plus titré de l'histoire. Il est le seul à posséder dix médailles d'or: 2 olympiques, 3 européennes et 5 mondiales dont la dernière glanée à domicile en janvier dans la peau d'un remplaçant. Un palmarès hors norme pour un joueur dont la longévité l'est également.
Il aura porté le maillot tricolore pendant près de vingt ans puisqu'il avait honoré la première de ses 356 sélections en septembre 1999. A cette époque, Omeyer n'a alors que 22 ans et il n'est pas considéré comme un futur grand. Mais sa force mentale, sa boulimie de travail et sa haine de l'échec feront la différence.
En 2008, il est élu meilleur joueur de l'année, l'équivalent du Ballon d'or au foot. Deux ans plus tard, des internautes le désignent comme le meilleur de tous les temps à son poste sur le site de la Fédération internationale (IHF), devant des légendes comme le Russe Andreï Lavrov, triple champion olympique (1988, 1992, 2000).
Dès sa première grande compétition internationale, lors du Mondial-2001 en France, Omeyer connaîtra les joies d'un titre, le premier de sa carrière, aux côtés de son compère Daniel Narcisse qui a aussi décidé de raccrocher.
Il ne ratera ensuite aucune des vingt campagnes des Bleus. D'abord dans l'ombre de Bruno Martini , l'emblématique gardien des "Barjots" puis des "Costauds", il deviendra l'un des maillons essentiels des "Experts" qui ont offert un premier titre olympique à la France, à Pékin en 2008, et n'ont laissé ensuite que des miettes à leurs rivaux.
- Adepte de la guerre psychologique -
Omeyer se muera souvent en sauveur grâce à sa maîtrise des duels, ses réflexes, sa souplesse et sa mobilité qui compensent une taille moyenne pour un gardien (1,92 m tout de même, pour 93 kg), mais aussi sa propension au bluff avec les tireurs adverses.
Discret et peu disert devant les médias, le natif de Mulhouse se transformait sur les parquets. Poing rageur et regard habité vers le public, son banc ou celui de l'adversaire, il maîtrise parfaitement la guerre psychologique sur le terrain.
En finale de la Ligue des Champions en 2010, sous le maillot de Kiel, ses bras levés et ses clins d'oeil chambreurs avaient agacé ses adversaires barcelonais à tel point que le match, remporté par l'équipe allemande, avait failli se terminer en pugilat.
"C'est quelqu'un de gentil et plutôt timide. Mais il a une vraie deuxième nature, liée à son côté compétiteur. Il devient tout d'un coup un gagneur", explique l'ancien sélectionneur Claude Onesta .
A Cernay puis Sélestat, dans son Alsace natale, il aimait lancer des défis à son coéquipier et frère jumeau Christian, qui a fait une carrière, plus modeste, d'arrière gauche en D1 alors que "Titi" a ensuite connu la gloire en club à Montpellier et en Allemagne.
- Chant du cygne -
"L'entraînement pour lui, c'est comme un match", souligne Jérôme Fernandez, son ex-partenaire à Kiel et en Bleu qui le considère comme un "grand perfectionniste".
Mauvais perdant, Omeyer avoue lui-même ne pas aimer perdre "les petits matches de foot" qui débutaient ses sessions d'entraînement en Allemagne. La légende dit qu'il n'accepte de perdre qu'aux jeux de société avec ses enfants Manon et Loris.
"C'est un psychopathe", s'amusait son inséparable ami Daniel Narcisse . A la question: quand Omeyer s'arrêtera-t-il? Narcisse aimait répondre en riant qu'il préparait les jeux Olympiques de 2024!
Mais l'année 2017 aura sonné comme le chant du cygne pour l'inoxydable gardien qui a perdu sa place de titulaire lors du Mondial au profit de Vincent Gérard.
Remplacé à la mi-temps du quart de finale contre la Suède, il était resté sur le banc en demi-finale face à la Slovénie et n'avait joué que les quinze premières minutes en finale contre la Norvège. Une fin qui n'entachera pas son immense carrière sous le maillot bleu.