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© AFP/Bjorn LARSSON ROSVALL
Le pivot Béatrice Edwige (G) dépitée après la défaite des Bleues face à la Norvège en demi-finales du Mondial féminin de handball, le 16 décembre 2016 à Göteborg
Les handballeuses françaises assument leur penchant pour la défense, mais ce n'est pas sur une illusoire ligne Maginot qu'elles comptent pour museler les Danoises, dimanche pour la médaille de bronze de l'Euro, mais sur un dispositif ultra mobile qui va "attaquer l'attaque" adverse.
La formule est de Béatrice Edwige, le pivot des vice-championnes olympiques, autour de laquelle est organisé ce système défensif concocté par le sélectionneur Olivier Krumbholz , un orfèvre en la matière.
"On n'est pas là pour +bétonner+, comme on dirait en football. On n'attend pas le duel, on est toujours dans l'anticipation. Notre but est de récupérer le plus de ballons possible pour vite enchaîner vers l'avant", explique la joueuse de Nice.
Pour le moment c'est une réussite, la France est l'équipe qui a encaissé le moins de buts parmi les douze qualifiées pour le tour principal: 120 en 7 matches. Krumbholz peut répéter qu'il a "la meilleure défense du monde", sans que personne ne le conteste.
Les Bleues sont aussi celles qui ont marqué le plus de buts en contre-attaque après les Néerlandaises: 35 en 7 matches (contre 38).
Pour bien défendre, il faut de la vitesse et de la robustesse, deux des atouts de Béatrice Edwige, qui a fait du lancer du marteau avant de passer au handball. "Le hand féminin devient de plus en plus physique. Les filles sont de plus en plus véloces et les impacts de plus en plus lourds", souligne-t-elle.
- Une culture française de la défense -
Il faut aussi "beaucoup de communication" entre les sept joueuses, tout particulièrement avec la gardienne, sans laquelle il n'y pas de défense qui tienne, et une bonne connaissance des adversaires, ce qui s'acquiert par l'accumulation des matches et un gros travail de séances vidéos, car les rivales ne se ressemblent pas.
"Il y a les grandes lourdes, les grandes rapides, les petites lourdes, les petites rapides, les pivots qui attrapent tout, il y a de tout!", dit Edwige, 28 ans.
Indispensable aussi, l'adaptation au style des arbitres. "Ce sont eux qui donnent le +la+ dans un match. Dès les premières minutes on sait ce qu'on pourra faire ou pas, à quel niveau d'agressivité on pourra monter", dit le pivot. Une erreur d'appréciation et c'est l'exclusion pour deux minutes, qui pénalise l'équipe, même si elle est parfois le prix à payer pour l'efficacité.
Cet ensemble constitue une "culture" qui, en France, est "inculquée aux joueurs et joueuses depuis leurs années de formation". "C'est vraiment notre fond de commerce. Peu d'équipes basent leurs victoires sur la défense, beaucoup travaillent énormément l'attaque", explique la joueuse.
© AFP/Bjorn LARSSON ROSVALL
La déception des Bleues et de leur entraîneur Olivier Krumbholz
à la fin de la demi-finale de l'Euro-2016 de handball perdue face à la Norvège, le 16 décembre 2016 à Göteborg (Suède)
Cette stratégie de défense mobile consomme de l'énergie - "elle n'est pas très écologique", avoue Krumbholz - et parfois les Françaises manquent un peu de jus pour bousculer les attaques bien regroupées. Mais cette contrepartie est acceptée par le sélectionneur.
"Il n'y a pas de grandes équipes sans grande défense. C'est un fantasme de supporteurs de penser qu'on a de grands résultats surtout grâce à des joueuses talentueuses en attaque. Tous les grands entraîneurs de sport collectif ont construit leur succès sur la défense", estime le Messin.