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Le parquet de Montpellier qui a demandé vendredi le renvoi en correctionnel de dix-sept personnes mises en examen, dont l'icône du handball français Nikola Karabatic , dans une affaire de soupçons de paris illicites dans un match de handball, dénonce dans son réquisitoire une tricherie "en équipe".
"De toute évidence, les joueurs concernés avaient poussé leur esprit d'équipe, clé de voûte de leurs très nombreux succès sportifs de l'époque, jusqu'à concevoir et commettre en équipe une tricherie ayant pour objet d'escroquer la Française des Jeux", écrit le procureur de la République Patrick Desjardins, dans son réquisitoire de 79 pages, dont l'AFP a obtenu lundi une copie.
"Les moments propices à l'émergence d'un tel projet avaient pu être nombreux", estime le magistrat, qui les liste: "un repas (...), les nombreux déplacements en transports collectifs, les innombrables séjours en hôtel".
Sur l'objectif des paris effectués par des personnes ayant des liens avec les joueurs quand ce ne sont pas les joueurs eux-mêmes, le magistrat s'interroge: peut-être s'agissait-il simplement de faire miser Luka Karabatic pour la cagnotte des joueurs et améliorer le séjour à Ibiza prévu en fin de saison?
"Mais très vite, sans doute pris de vertige de la facilité de l'opération et de la certitude des gains, les membres n'ont pas résisté à la tentation", estime-t-il.
Pour M. Desjardins, même si certains joueurs (les frères Karabatic, Samuel Honrubia et Mladen Bojinovic ) n'ont pas participé au match en cause, ils n'en sont pas moins responsables.
"De toute évidence, en tant que leaders charismatiques, Bojinovic, (puis) les frères Karabatic, avaient donné leur aval en acceptant de se compromettre dans ce projet", assure-t-il, soulignant que la réussite du projet vient du fait que "chacun a respecté à la lettre comme dans tout sport d'équipe les consignes données".
Les paris faits à Paris (19e et 20e arrondissements, Montpellier et Rennes) tous entre 10H00 et 10H50 le 12 mai se sont élevés à 103.100 euros en numéraire avec une cote de 2,9 contre 1. Pour le magistrat, les joueurs ont d'ailleurs évité des cotes plus importantes pour éviter de sortir de l'anonymat.
- 'Charges accablantes' -
Les paris portaient sur le score à la mi-temps (15-12) du match Cesson-MAHB, finalement perdu le 12 mai 2012 par le club montpelliérain.
Beaucoup de joueurs, à l'exception de Nikola Karabatic , Isem Tej et Dragan Gajic , ont reconnu les paris mais ils ont tous nié avoir triché.
"Malgré les charges accablantes (..) mettant en évidence une escroquerie d'envergure, les mis en examen ont pour la plupart adopté une attitude de dénégation très peu convaincante", répond le procureur, pour lequel "la notion d'équipe soudée jusque dans la défaite se vérifie ici aussi".
Pour le magistrat, parmi d'autres éléments à charge, Karabatic, qui a d'abord dit ne pas se souvenir, s'est trouvé à proximité de l'endroit où son frère a joué 290 euros. Il était aussi à proximité de lieux où les gains du pari étaient retirés, comme l'indiquent les bornages de son téléphone.
Nikola Karabatic a affirmé que les paris ont été pris à son insu par sa compagne, Géraldine Pillet. M. Desjardins remarque toutefois le téléchargement d'une application de pari sur le mobile de Nikola.
M. Desjardins note également que Géraldine a joué 1.500 euros, un "montant totalement disproportionné par rapport à son train de vie", plus modeste, avant de constater que Nikola Karabatic a bien retiré quelque jours auparavant la somme de 1.500 euros, "son seul retrait" depuis plusieurs mois.
Quant à l'absence de concertation entre les parieurs, le parquet compare notamment l'écart anormal entre les paris effectués sur le score à la mi-temps (103.100 euros) avec ceux fait sur le score de fin de match (24.017 euros), tous en faveur de la victoire de Montpellier, assuré de remporter son 13e titre en 15 saisons sur Cesson, 9e du championnat.