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© AFP/Patrick Hertzog
Le capitaine de l'équipe de France de handball Jérôme Fernandez répondant à des journalistes le 12 juillet 2012 à Ostwald
La pige du capitaine de l'équipe de France Jérôme Fernandez au Qatar, qui privera Toulouse de son arrière vendredi pour affronter Aix, interpelle le handball français, notamment les clubs en lutte pour le maintien, qui dénoncent un Championnat faussé.
Quatrième au classement, le Fenix a choisi pour des raisons principalement financières d'envoyer à Doha son joueur vedette afin d'y disputer jusqu'au 21 novembre le Championnat d'Asie des clubs, sous les couleurs de l'équipe libanaise d'Al Sadd.
Chez les dirigeants d'Aix, qui lutte pour se sortir des profondeurs du classement (11e), cette absence est vécue comme "une chance".
"Ce serait faire offense à Jérôme Fernandez de dire que cela ne va rien changer. Quand on connaît sa valeur actuelle et ses statistiques (deuxième meilleur marqueur de l'élite avec 55 buts, Ndlr), on ne peut pas le prendre comme une mauvaise nouvelle", affirme le président de l'équipe provençale, Christian Salomez.
Mais du côté de Tremblay-en-France, avant-dernier du Championnat, on goûte moins l'absence du double champion olympique (2008, 2012).
"Je trouve cela triste. Cela fausse la concurrence. Je ne suis pas sûr que Toulouse en aurait fait autant s'il avait été moins bien classé", réagit Stéphane Imbratta, l'entraîneur du club francilien.
"Toulouse sans Jérôme Fernandez, ce n'est plus la même équipe. Je peux comprendre les réalités économiques. Mais en tant qu'adversaire, je trouve que l'équité sportive est mise à mal", estime pour sa part Jérôme Chauvet, entraîneur de Nîmes (9e).
Même irritation chez Marc-Olivier Albertini, le président de la lanterne rouge, Ivry. Il réclame une réglementation pour "empêcher" ce type d'opération, qui "pose problème pour la lisibilité du Championnat de France".
Le précédent montpelliérain
Mais une régulation de ce genre de "piges" n'est pas d'actualité, à en croire le président de la Ligue nationale de handball (LNH) Philippe Bernat-Salles. "Il n'y a pas d'exode. Si le cas se renouvelle trop, on verra", affirme celui-ci.
Du côté de Toulouse, on justifie le besoin pour le club de faire parler de lui à l'étranger, notamment au Proche et Moyen-Orient, alors que le Championnat du Monde de handball se tiendra en 2015 au Qatar.
Philippe Dallard, son président, évoque un échange négocié "du temps de (son) prédécesseur". Et assure qu'il ne s'agit que d'un "one-shot" (un essai qui ne sera pas renouvelé, Ndlr) qui permet au club d'aller "chercher des revenus".
Le principal intéressé, Jérôme Fernandez, pense pour sa part que ses coéquipiers peuvent s'imposer sans lui à Aix. "On est largement en avance sur les dernières équipes du Championnat. Et même en cas de défaite, on restera de toute façon quatrième", souligne-t-il.
"On comptait de toute façon faire tourner l'effectif pour cette rencontre", renchérit Dallard, qui s'est appuyé sur le cas de Montpellier pour nouer cette opération avec le club libanais.
En août 2012, à l'occasion du Super Globe (Coupe du Monde des clubs) à Doha, l'équipe héraultaise avait prêté six de ses joueurs, dont Nikola Karabatic , ainsi que l'entraîneur Patrice Canayer , à une équipe qatarie.
Cela avait rapporté environ 220.000 euros au MAHB, sans compter les primes versées aux handballeurs.
"La grosse différence, c'est que la compétition se déroulait avant le début de saison. Alors que là, Toulouse se prive d'un joueur important en plein Championnat. Nous n'aurions pas pris ce genre de risque", commente pour autant le président du club languedocien, Rémy Lévy.
"Etonné" lui aussi par ce choix, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France Daniel Costantini pense que les Toulousains ont peu de chances de l'emporter à Aix.
Et si malgré tout ils y parvenaient? "Alors là, je dirais: +Chapeau+!"