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Comme souvent par le passé, la défense a été le socle sur lequel s'est appuyée l'équipe de France messieurs de handball pour se hisser en finale du Mondial, qui la verra affronter le Qatar, dimanche à Doha.
"Même-moi parfois, je suis impressionné": cette phrase est souvent revenue tout au long de la quinzaine dans la bouche des Bleus, humblement admiratifs devant leur propre efficacité défensive.
Parfois un peu dilettantes lors de la phase de poules, les champions d'Europe ont érigé une muraille quasiment infranchissable depuis le début des matches à élimination directe.
Avec l'aide d'un Thierry Omeyer qui s'impose de loin comme le meilleur gardien de ce Mondial, les Français n'ont accordé que 20 buts aux Argentins, 23 aux Slovènes et 22 à l'Espagne en demi-finale, une nation à la puissance de feu pourtant reconnue.
La prédominance de la défense dans le système de jeu français n'est pas nouvelle. Jackson Richardson , avant de se muer en artiste en attaque, a d'abord été un génie de l'interception sur le fameux système en 5-1.
Pendant de nombreuses années, le roc Didier Dinart , aujourd'hui sur le banc comme adjoint du sélectionneur Claude Onesta et expert ès-défense, a été considéré comme le meilleur défenseur de la planète.
"L'histoire plaide pour la priorité défensive dans le handball français, souligne Onesta. C'est toujours à partir de défenses dominantes qu'on a construit nos titres".
Si la solidité défensive est restée, les principes ont constamment évolué. Les Français jouent aujourd'hui le plus souvent avec une 6-0, Xavier Barachet et Cédric Sorhaindo formant autour des frères Karabatic, Nikola et Luka, un mur presque incontournable.
- 'Pas de chef en défense' -
"C'est quand même quelque chose qui est évolutif, insiste Onesta. L'arrêt de Didier Dinart a fait que la défense est devenue différente et qu'on essaie toujours de trouver les meilleurs principes et les meilleures solutions adaptées aux joueurs dont on dispose."
"La défense, ce n'est pas que se protéger, remarque-t-il. C'est aussi consommer l'autre et petit à petit l'affaiblir, au point qu'il va finir par peut-être inconsciemment déposer les armes."
Suspecté à ses débuts de n'avoir été retenu en équipe de France que pour complaire à Nikola, Luka Karabatic s'est imposé depuis comme un pion essentiel de cette défense, en seulement deux tournois, avec l'Euro-2014.
Les principes défensifs ne sont évidemment rien sans l'implication et l'agressivité de ceux qui les mettent en oeuvre. Mais les Français semblent nourrir un goût naturel pour l'exercice, que d'autres nations délaissent trop volontiers.
"Bien sûr, on prend énormément de plaisir. Quand on arrive à mettre ce mur en place, on voit dans les yeux de nos adversaires que ça ne va pas être possible pour eux ce soir", sourit Barachet.
"Quand on voit l'impact, que ça ne passe pas un contre un, que les passes ne vont pas au pivot, qu'on est bien au contre, que Titi (Omeyer) fait les arrêts derrière, sincèrement on prend du plaisir à voir l'adversaire se décomposer, ne plus avoir de solutions", ajoute-t-il.
Pour Dinart, détenteur de tous les secrets de la défense française, qu'il structurait lui-même quand il était encore sur le terrain, elle tient en un mot: le collectif.
"Quel est le meilleur système défensif à l'heure actuelle? Le meilleur système c'est celui où les gens trouvent les meilleures affinités par poste, explique-t-il. Il n'y a pas de chef en défense. C'est l'addition des comportements par poste qui fait la performance collective".