Happy Birthday : |
© AFP/FRANCK FIFE
Camille Ayglon
en joie après la victoire des Bleues face aux Pays-Bas aux JO de Rio, le 6 août 2016
Pour un enfant de trois ans, 20h45 c'est un peu tard: sans cela, le petit Milo aurait chanté la Marseillaise devant sa télévision avant le match France-Serbie de mercredi. Sa mère Camille Ayglon est la seule joueuse de l'équipe de France de handball à concilier haut niveau et maternité.
"Il connaît l'hymne depuis l'âge de deux ans!", dit la native d'Avignon, qui a réussi le défi de fonder une famille tout en poursuivant sa carrière de handballeuse. Après l'argent de Rio, cet été, elle espère bien rapporter à son petit garçon qui les adore une nouvelle médaille de l'Euro-2016 en Suède.
"Il n'a pas vraiment la conception du travail, alors comprendre que quand on va jouer à la balle on travaille, c'est un peu compliqué! Mais il me demande si j'ai gagné ou perdu, si j'ai mis des buts ou pas. Et cet été, il voulait que je lui ramène la médaille. Quand il l'a eue, il a dit: +oh elle est belle, elle est lourde!+", raconte la joueuse, âgée de 31 ans.
L'Avignonnaise n'est pas la première handballeuse à tenter l'aventure de la maternité, mais en équipe de France, depuis le départ de Nina Kanto , elle est la seule à avoir un petit bonhomme qui l'attend à la maison.
"On ne sait jamais comment on va récupérer d'une grossesse. Neuf à douze mois, c'est l'équivalent d'une grosse blessure en terme d'absence", dit-elle.
Cette maternité a été soigneusement planifiée avec son mari, Guillaume Saurina, également handballeur professionnel, et la date, juste après les Jeux de Londres, laissée le moins possible au hasard. "Ca me donnait le temps de revenir pour espérer être à Rio", dit-elle.
Pendant sa grossesse, Camille a continué de s'entretenir, avec l'idée de retrouver rapidement le haut niveau car l'adrénaline de la compétition et la dépense physique extrême lui manquaient. "Avec les hormones, ça ne faisait pas un bon mélange! Alors j'ai couru tant que j'ai pu le faire, puis j'ai fait du vélo à la salle de musculation avec mes coéquipières et beaucoup de natation quand ça a été la seule chose permise", se souvient-elle.
- Expatriés à Bucarest -
Quelque temps après l'heureux événement, en septembre 2013, le premier footing ne dure "même pas dix minutes". Camille appelle des copines sportives et mères pour leur demander s'il est normal que "les organes n'aient plus l'air d'être à la bonne place". "Je me suis dit que ce n'était pas demain que je retournerais sur le terrain", dit-elle.
Pourtant, naturellement fluette, Camille retrouve très vite son poids de forme. En janvier, elle reprend le handball en club, à Nîmes à l'époque, et retrouve l'équipe de France dès le mois de mars.
Bien sûr, la vie quotidienne ne va pas sans difficultés pratiques pour les parents Saurina-Ayglon. A Nîmes, l'un s'entraînait le matin et l'autre l'après-midi, mais ce n'est plus le cas à Bucarest, où le couple a dû s'expatrier après la faillite du club féminin gardois l'an passé.
"On ne connaît les horaires des matches qu'une semaine à l'avance parce que c'est la télé qui décide au dernier moment. On peut jouer n'importe quel jour et pas seulement le week-end. C'est vraiment très compliqué pour l'organisation. On a la chance d'être aidés par la grand-mère de mon mari qui est venue avec nous. Sans cela, ce serait quasi impossible à gérer", explique la joueuse.
En grandissant, Milo ressent plus les absences de sa mère. Ce sont surtout les séjours en équipe de France qui paraissent longs: plusieurs semaines d'affilée en comptant la préparation.
"Ce n'est pas évident, d'autant que c'est la deuxième fois dans l'année après les Jeux", reconnaît Camille, utilisatrice intensive de Facetime et de Skype. "Là c'est bientôt Noël, il y a le calendrier de l'avent, il a neigé ce matin à Bucarest, donc ça se passe bien pour lui. Et heureusement Olivier (Krumbholz, le sélectionneur) m'a laissé rentrer trois jours avant qu'on arrive en Suède pour que je puisse me ressourcer auprès d'eux".
Arrière réputée pour sa combativité en défense, Camille assure être restée "aussi gagneuse qu'avant"." "Mais quand je perdais, je pouvais passer toute la soirée à me retourner le cerveau; maintenant, avec le petit bonhomme, il faut prendre le goûter, donner le bain, lire l'histoire et jouer un peu. Ca aide à relativiser", dit-elle.