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La vie de Thomas Bouhail s'est brisée net un 24 décembre 2011, à quelques mois d'un probable titre olympique. Trois ans après son accident à l'entraînement, une multitude d'opérations, une grosse dépression et de vains espoirs, le gymnaste a enfin tourné cette page.
C'est un petit gars plein d'énergie, d'envie et bourré de talent. A 28 ans, il n'a rien perdu de ses qualités mais une petite flamme vient de s'éteindre. Celle du compétiteur contraint d'avouer qu'il renonce définitivement au plaisir des podiums, ce que, malgré l'évidence, il n'avait encore jamais formulé.
Aujourd'hui, même si cela lui fait encore très mal, le champion du monde 2010 et vice-champion olympique 2008 au saut de cheval n'élude pas la question sur l'arrêt de sa carrière.
"C'est la question qui tue ! C'est vrai que je ne l'ai jamais annoncé. Au départ c'était une manière de me mentir à moi-même pour pouvoir progresser en rééducation, ce qui a plutôt bien fonctionné. Mais aujourd'hui, ma carrière internationale est finie", a-t-il confié à l'AFP à l'occasion des Etoiles du sport à La Plagne (Savoie).
"Physiquement parlant, il n'est plus question de rêver. C'est fini, c'est sûr", admet Bouhail, qui restera à jamais le premier champion du monde de l'histoire de la gymnastique française.
Tout a commencé - ou tout s'est arrêté - la veille de Noël 2011. Promis a un destin doré, Bouhail s'entraîne et en pleine séance, il lâche la barre. La blessure est grave: triple fracture du plateau du tibia gauche. Deux jours plus tard, il manque de se faire amputer.
Les complications se succèdent. Il subit une quinzaine d'opérations. Au physique s'ajoute le psychologique: le gymnaste sombre dans une grave dépression.
- La lune et les étoiles -
Soutenu par sa femme, avec qui il a eu une petite fille il y a 16 mois, Bouhail avance doucement. Cette année, il a réellement pris conscience que l'état de sa jambe ne s'améliorerait plus. Tout début 2015, la sécurité sociale lui communiquera son taux d'invalidité.
"Je serai travailleur handicapé", admet-il après être passé du fauteuil roulant à la canne en passant par les béquilles.
Durant ses longs mois d'immobilisation, seul au fond de son lit, en pleine déprime, il a tout de même relevé la tête pour rédiger un programme à l'attention de la Fédération française, qu'il a intitulé: "faire une équipe de France performante".
Sa Fédération, qui l'a toujours soutenu, a été enthousiasmée. Thomas Bouhail prendra ses fonctions d'entraîneur national au sein du collectif masculin en janvier à l'Insep à Paris.
"C'est un sport magnifique pour moi. Je suis un passionné et je suis content de ne pas avoir perdu ça après cet accident. Je vais être à la salle tous les jours!", se réjouit-il.
Mieux, il veut même croire qu'il peut remonter sur un agrès. Pour le plaisir. Et pour se donner la sensation d'être le maître de son destin.
"Ce n'est pas moi qui ai choisi de mettre un terme à ma carrière internationale, c'est l'accident qui l'a fait pour moi. Mais je suis sûr que je peux reprendre l'entraînement et me dire si ça ne va pas: +j'arrête+. Je veux décider moi d'arrêter la gym", sourit le champion, qui s'est fait tatouer cette devise sous l'avant bras gauche: "Viser la lune me fera toucher les étoiles".