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Vainqueur du Mondial-1931 de gymnastique à Paris, le Tchèque Alois Hudec n'a jamais reçu sa médaille, l'exportation d'or étant interdite par la Banque de France. 84 ans après, des férus du sport veulent réparer cette injustice, à titre postume.
Figure de proue de la gymnastique tchèque, Alois Hudec , décédé en 1997, s'est notamment illustré cinq ans plus tard par son titre aux anneaux aux jeux Olympiques de 1936 à Berlin, sous les yeux d'Adolf Hitler. "Il a dû me féliciter pour ma victoire, victoire d'un gymnaste venu d'un petit pays", se souviendra Hudec avec fierté.
Mais son premier titre mondial, en 1931, reste un souvenir mitigé pour ce gymnaste issu d'une famille pauvre de neuf enfants. C'est alors la première fois qu'il quitte son sol natal, après des années d'entraînement. Le petit Alois s'adonne en effet à la gymnastique depuis l'âge de cinq ans, dans le but de surmonter sa paralysie partielle, un handicap qu'il domine peu à peu, à force d'obstination, devenant l'un des meilleurs gymnastes du pays.
En 1931, il arrive donc à Paris, pour participer au tournoi international organisé dans le cadre de l'exposition coloniale. Ce tournoi est passé dans l'histoire comme le premier véritable Championnat du monde de gymnastique, les précédents n'ayant été que des tournois européens.
Hudec, alors âgé de 23 ans, remporte le concours général individuel, s'adjugeant la victoire aussi dans quatre épreuves: aux barres parallèles, à la barre fixe, aux anneaux et au grimper.
- 'Injustice historique' -
Mais il repart pourtant les mains vides, sans aucune de ses médailles. Et celles ci n'arriveront jamais.
"Lors du tournage d'un documentaire sur Alois Hudec , j'ai eu l'occasion de lire son journal personnel. C'est là que j'ai appris qu'il n'avait jamais reçu sa médaille d'or", raconte à l'AFP Jakub Bazant, journaliste sportif à la Télévision publique tchèque (CT) et l'un des auteurs de l'initiative.
Dans ce journal personnel rédigé à la main par le gymnaste, il est écrit en effet: "La personne chargée de la remise (de la médaille) a indiqué que la Banque nationale avait interdit l'exportation de l'or et que la médaille et les pendentifs (NDLR: les médailles d'argent remis pour la victoire dans les épreuves par agrès) seraient livrés plus tard. Mais ce n'est jamais arrivé".
"J'ai raconté cette histoire à Vera Caslavska , septuple championne olympique de gymnastique en 1964 et 1968 et grande admiratrice des exploits de Hudec. Nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'il serait bon de faire quelque chose pour tenter de réparer ce tort, mieux vaut tard que jamais", insiste M. Bazant.
Une lettre, signée notamment par Mme Caslavska et par plusieurs journalistes sportifs praguois connus, a ainsi été envoyée il y a plusieurs semaines aux dirigeants de la Fédération Internationale de Gymnastique (FIG) et de la Fédération française (FFG). Sans réponse pour l'instant.
"Vous êtes les seuls, après 84 années, qui peuvent réparer cette injustice historique et remettre la médaille d'or du Mondial-1931 à Paris à la famille d' Alois Hudec et dans un sens plus large, à tous les amateurs de ce sport dans notre pays", écrivent-ils.
"Nous sommes sûrs que le public sportif apprécierait hautement une telle attitude fair-play", soulignent les auteurs de l'appel.