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La Roumanie sera absente des épreuves par équipes de gymnastique aux jeux Olympiques de Rio pour la première fois depuis 1968 et 40 ans après l'exploit de Nadia Comaneci , lorsqu'elle est devenue à Montréal la première femme à obtenir la note de 10, et ce à sept reprises.
Après avoir raté la qualification directe aux JO lors des Mondiaux-2015 de Glasgow, les gymnastes roumains (messieurs et dames) ont vu leurs espoirs d'un repêchage s'effondrer cette semaine, lors du test avant les Jeux à l'Olympic Arena de Rio.
L'équipe messieurs s'est classée 5e, alors que seules les quatre premières obtenaient leur billet pour les JO.
Privée notamment de Larisa Iordache (médaille de bronze au concours général individuel à Glasgow), blessée, l'équipe dames n'est arrivée qu'en 7e position.
- 'un désastre' -
Avec à son palmarès --71 médailles olympiques dont 25 d'or--, la Roumanie devra désormais se contenter d'un billet individuel pour les dames et un pour les messieurs.
"C'est un désastre", a lâché le président de la Fédération roumaine de gymnastique, Adrian Stoica, de retour à Bucarest.
"Nous sommes partis avec un handicap, qui nous a coûté au moins trois points", a-t-il ajouté, évoquant l'absence de Iordache et de Laura Jurca (médaille d'argent au sol à la Coupe du monde de Doha en 2015).
Si certaines voix dans le pays ont demandé que des têtes tombent, la "fée de Montréal" Nadia Comaneci est allée à l'aéroport pour accueillir les gymnastes et leur faire part de son "respect" et son "appréciation".
"C'est très triste mais pas surprenant, nous savions tous que cela devait arriver, tôt ou tard", a déclaré Nadia dans une interview à Q Magazine.
"Nous n'avons presque plus d'entraîneurs, ceux qui restent encore sont très mal payés, et nous n'avons plus de gymnastes", a-t-elle déploré. A titre d'exemple les Etats-Unis comptent environ quatre millions d'enfants qui font de la gymnastique, contre à peine 400 en Roumanie, a-t-elle dit.
- 'repartir à zéro' -
Si d'autres pays, qui jadis ne comptaient pas dans cette discipline, ont commencé à s'affirmer ces dernières années à la faveur d'efforts et d'investissements importants, "la Roumanie a, elle, marqué le pas", a-t-elle estimé.
"Nous devons repartir à zéro, reconstruire la gymnastique roumaine sur de nouvelles bases", a souligné l'ancienne championne.
L'ex-entraîneur Octavian Bellu, appelé au secours en décembre, alors que la débâcle se profilait déjà, a pour sa évoqué un ratage "prévisible".
"La Roumanie avait déjà depuis 2001 du mal à réunir une équipe forte, c'était un miracle quand nous continuions à gagner", a estimé M. Bellu, qui a entraîné les Roumaines pendant 25 ans, remportant plus de 300 médailles.
Mais la crise s'est aggravée et "petit à petit il n'y avait plus personne pour remplacer les gymnastes qui se retiraient", a-t-il ajouté.
Parmi les causes de cet échec, il a évoqué le financement insuffisant, l'absence de clubs privés et l'émigration de nombreux entraîneurs, chassés par les bas salaires que leur offrait la Roumanie.
Parmi ces derniers figure Dumitru Pop, aujourd'hui entraîneur de l'équipe dames de France, qualifiée aux JO lors du test de Rio.
Malgré tout, Nadia Comaneci appelle à ne pas perdre l'espoir: "Nous, les Roumains, avons la gymnastique dans le sang. Le moment est venu d'arrêter de nous lamenter et de commencer à investir".