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A 24 ans, Michael Sam est entré samedi dans l'histoire de son sport en devenant le premier joueur ouvertement homosexuel à être recruté par une équipe NFL, la prestigieuse Ligue professionnelle de football américain.
Malgré son impressionnante carrure (1,88 m pour 116 kg), Sam n'a pas pu retenir ses larmes lorsqu'il a reçu après trois jours d'attente l'appel des dirigeants des St Louis Rams.
Après avoir raccroché, Sam, revêtu d'un polo fushia, a enlacé son ami et l'a embrassé devant les caméras d'ESPN, la chaîne sportive qui retransmettait en direct depuis jeudi la Draft 2014, l'un des grands rendez-vous du calendrier sportif aux Etats-Unis.
Comme 255 autres joueurs issus d'équipes universitaires, Sam va rentrer dans le saint des saints, la NFL qui, chaque année, organise la Draft (littéralement, conscription) pour sélectionner les meilleurs jeunes joueurs du pays.
Le recrutement de Sam, au 7e tour et en 249e position, était attendu autant pour ses qualités athlétiques de "defensive end" , que pour sa portée symbolique dans un sport très populaire aux Etats-Unis mais pas réputé pour son ouverture d'esprit.
Le président américain Barack Obama a d'ailleurs félicité dans un communiqué envoyé à la presse américaine Michael Sam, les Rams et la NFL.
"Des terrains de sport aux conseils d'administration, les jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres américains prouvent chaque jour que vous devez être jugés au regard de ce que vous faites et non de qui vous êtes", souligne le communiqué de la Maison blanche.
- 'Jour historique' -
En début de saison dernière, Sam avait révélé à ses coéquipiers et ses entraîneurs de l'équipe de l'université du Missouri qu'il était homosexuel, tout en leur demandant de garder le secret.
Il s'était ensuite chargé de faire son coming-out dans la presse américaine en février et avait martelé son désir de jouer en NFL.
Considéré comme l'un des meilleurs à son poste dans le milieu universitaire, Sam manquait toutefois de puissance physique au yeux de nombre de recruteurs et sa cote avait chuté en février lors du "Combine", ces tests physiques organisés par la NFL pour évaluer les potentielles recrues.
"Je savais que j'allais être recruté à un moment ou un autre, mais à chaque équipe qui ne me sélectionnait pas, je pensais au +sack+ que je mettrai à leur quaterback", a expliqué Sam.
Mais les St Louis Rams, vainqueur du Super Bowl, le titre suprême, en 1999 mais seulement 4e de leur division en 2013-14, ont décidé de lui donner sa chance.
"C'est un jour historique pour la NFL et les Rams. Dans notre monde riche en diversités, nous sommes fiers d'offrir à Michael la chance de faire carrière en NFL", a expliqué Jeff Fisher, le manageur général des Rams.
- Batailler durant l'été -
"Les gens vont tenter de faire (de son homosexualité) un sujet de débat, mais ce n'en est pas un. C'est très bien qu'il ait fait son coming-out, même si j'imagine que cela a du être très difficile à faire", a poursuivi le dirigeant.
Mais en étant sélectionné en toute fin de draft, Sam n?est pas encore assuré de figurer dans l'effectif des Rams. Il devra batailler durant les stages d?été pour être dans le "roster" de 53 joueurs.
La nouvelle a été saluée par d'anciens et d'actuels joueurs des Rams, par d'autres sportifs gays comme le joueur de l'équipe de NBA des Brooklyn Nets Jason Collins qui a fait son coming-out récemment, et par des associations comme Human Rights Campaign.
"Aujourd'hui, les jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres peuvent voir en Sam une preuve qu'être ouvert et fier de ce qu'on est ne peut vous empêcher de vivre vos rêves", s'est félicité son président Chad Griffin.
"Nos voisins, nos amis, nos sénateurs sont gays, et à partir d'aujourd'hui, les stars du football américain", a-t-il ajouté.
Avant même son recrutement par les Rams, Sam avait signé un contrat de partenariat avec les cartes de crédit Visa.
La NFL, dont le grand patron avait espéré que Sam soit recruté par une équipe, espère aussi profiter de son arrivée et changer son image brouillée par des affaires de violences en tout genre commises par certains de ses joueurs et par l'absence d'entraîneurs noirs.