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L'équipe de France d'escrime a définitivement tourné la page des Jeux de Londres, les premiers depuis 1960 sans médaille, en retrouvant sa splendeur lors des Mondiaux 2014 grâce à la parole retrouvée en interne et à une refonte de son organisation.
"Enfin l'équipe de France se parle et se comprend", résume Christian Peeters, le directeur technique national en poste depuis mai 2013, près d'un an après le fiasco londonien.
A Kazan, les Bleus ont en effet parlé d'une même voix, engrangeant sept médailles dont trois d'or, la dernière à l'épée par équipes messieurs mercredi, pour renouer avec les podiums internationaux que leur histoire réclame.
"Depuis notre arrivée, nous avons fait une chose très simple: nous avons rétabli un dialogue qui s'était détérioré. Maintenant, les entraîneurs, les athlètes, tous se disent les choses, et clairement. Nous avons établi un autre état d'esprit dans le relationnel", explique Peeters.
Au vestiaire les prises de têtes silencieuses, au placard les questionnements sans réponse.
"Après Londres, des entraîneurs ont été remerciés et d'autres sont arrivés. Cela s'est parfois un peu fait dans la douleur. Mais je remercie chacun et je salue ce travail qui a été fait, et l'engagement de tous", se réjouit Isabelle Lamour, élue présidente de la Fédération française d'escrime en mars 2013.
- 'Des personnalités très fortes' -
"Il y a des personnalités très fortes au sein de l'équipe", reprend Peeters. "Je les entends râler, pester contre le manque de moyens comparés à d'autres nations. Mais cela ne les empêche pas de bosser, et j'apprécie cela", confie le DTN.
Une fois nommé à la tête de la DTN, Peeters l'ancien sabreur s'est attelé à une autre tâche, plus concrète quant au fonctionnement interne de l'équipe de France.
"Nous avons décloisonné le travail", explique-t-il.
La plus grande idée réside dans le mélange des genres, entre hommes et femmes.
C'est ainsi que le fleuret, par exemple, possède un seul et même responsable ( Franck Boidin ), accompagné d'un collaborateur et de deux adjoints pour les hommes et les femmes.
Une structure d'entraînement tout à fait unique, qui fait se rapprocher les points de vues.
Les entraînements possèdent des parties communes, et il y a aussi des leçons croisées, l'entraîneur des filles pouvant par exemple coacher les garçons.
"Mais nous n'avons pas non plus imposé cette mixité partout. Nous avons laissé pleine latitude aux techniciens pour agir au mieux", détaille Peeters.
Sabre et épée fonctionnent donc toujours de manière plus classique "mais tout le monde privilégie une approche commune".
- Nouveaux talents -
L'émergence de nouveaux talents constitue également un élément moteur pour cette équipe de France, savant mélange de jeunesse et d'expérience, en particulier à l'épée.
"Un seul exemple: l'an dernier Enzo Lefort était remplaçant, cette année aux Mondiaux il tient la barque", souligne le DTN à propos du N.2 mondial du fleuret, médaillé de bronze en individuelle et champion du monde par équipes.
"Le fleuret, c'est un excellent exemple: ils ont tous réussi à se dire qu'ils appartenaient à un ensemble", explique Peeters.
Avec à la clé, le titre mondial collectif qui fuyait les Bleus depuis 2007 dans cette arme chez les messieurs.
"Je suis certain que le traumatisme de Londres est oublié, et nous avons de belles perspectives et objectifs avec les JO de Rio dans deux ans", se réjouit le DTN.
La fédération entend désormais "surfer" sur cette belle vague, alors que se profilent pour les clubs les inscriptions de la rentrée.
"Nous allons réajuster notre campagne de communication, c'est sûr. Nous devons mettre en valeur nos champions. Ils ont fait leur boulot, à nous de faire le nôtre!", résume Isabelle Lamour.